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Modifiée le 29 novembre 2022
La Maladrerie
Maladreries et hôtels-Dieu…
Si les Maladreries et hôtel-Dieu ont existé depuis le Moyen Âge, ils ont évolué au fil des siècles en fonction des besoins et du mode d’administration de ces établissements.
Nous allons nous efforcer de vous en conter leur histoire depuis le XIIIe siècle et de vous relater ce qu’il en fut au Châtelet-en-Brie.
Mais que recouvrent au juste ces deux entités ? À quoi servaient-elles ?
Les « Maladeries » ou maladreries et hôtels-Dieu furent depuis leur création des lieux d’accueil, d’hébergement, voire de soins. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Les maladreries et la lèpre
Dès le XIe siècle, une maladie nouvelle apparaît en Occident : la lèpre.
À la compassion pour les personnes qui en sont atteintes, succèdent dégoût, persécution et rejet, car ce mal inconnu s’avère très contagieux. Pour pallier ce fléau, le royaume se couvre d’établissements, situés loin des habitations, en dehors des villages et des villes, pour accueillir ces malades souffrant de ce mal inconnu.
Ces structures seront nommées maladeries ou maladreries et plus tard on parlera de « léproseries ».
Dès le XIIIe siècle, et sans doute même avant cette date, Le Châtelet possédait une maladrerie située à environ deux kilomètres du village, sur la droite en direction de Montereau, sur un chemin menant au fief du Mesnil (voir plan de 1728 ci-contre).
Elle donnait asile aux lépreux qui étaient bannis du monde. La maladrerie du village avait des revenus provenant principalement des baux, loyers et rentes de terres qu’elle avait reçus à titre d’aumônes de châtelains aisés et pieux.
Les lépreux pouvaient néanmoins sortir de l’établissement s’ils le désiraient, munis d’une crécelle, pour prévenir les passants de leur arrivée.
La maladrerie était une structure autonome gérée par un administrateur civil ou militaire. Citons, par exemple un certain Noël Moreau qui était agriculteur et administrateur de la maladrerie vers 1677 et qui eut affaire à la justice royale en raison de malversations.
À partir du XVIe siècle, la lèpre commença à régresser et finit par disparaître dans le courant du XVIIe siècle. Ceci amena l’abandon des léproseries, comme ce fut le cas pour la maladrerie du Châtelet dès 1693. Nous reviendrons ci-dessous sur cette suppression, suite à notre propos sur les hôtels-Dieu.
Notons que les archives de l’hôtel-Dieu de Melun indiquent que vers 1789, il ne reste plus de la maladrerie qu’une grange démolie dont les matériaux servirent à la construction de la chapelle de Sainte-Reine…
Les hôtels-Dieu
Au Moyen Âge, par mesure de salubrité et de secours, des services d’assistance aux malades et aux indigents étaient répartis sur l’ensemble du royaume. Ces fondations dues aux autorités royales ou seigneuriales étaient tenues majoritairement par la paroisse. On les nommait « domus dei » ou « maisons Dieu » pour les plus petites d’entre elles, et « hôtels-Dieu » pour les plus grandes. Ces « hospices » (autre terme utilisé pour nommer l’hôtel-Dieu) étaient des lieux d’hébergement pour des voyageurs, des pèlerins, mais aussi lieux de soins pour les malades. Il faut ajouter la fonction d’accueil pour les enfants orphelins et les indigents.
C’était au Moyen Âge, un hôpital indépendant de la maladrerie, du moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle. L’église offrait aussi un gage de stabilité.
En 1662, un édit de Louis XIV ordonne la création d’un hôpital dans chaque ville ou gros bourg pour « loger, enfermer et nourrir, les pauvres mendiants natifs du lieu et les orphelins ». Chaque établissement dispose d’une police privée qui fait la chasse aux gueux pour les amener à l’hôpital.
À l’accueil succède l’enfermement. On soigne et on met tous les pensionnaires au travail dans les ateliers de l’hôpital.
L’hôtel-Dieu du Châtelet
Dès 1388, les comptes des chanoines de Notre Dame de Melun citaient l’existence d’un hôtel-Dieu au Châtelet-en-Brie. Il se situait derrière l’église, à l’emplacement de l’actuelle maternelle des grands jardins.
Un document de 1584 révèle que cet établissement possédait « deux petites couchettes garnies de draps et de couvertures ».
Depuis le Moyen Âge, cette structure percevait, comme revenus, des droits sur le marché aux grains du Châtelet, qui fut supprimé en 1674 pour être uni à celui de Melun. Une sentence du prévôt de Melun stipule que cette perte de revenus soit remplacée par une indemnité annuelle de 72 livres ou par un « muid de bled ». Le muid était une mesure de capacité utilisée pour les liquides, les grains…dont la valeur variait selon les matières et les régions (à Paris un muid de blé valait environ 1870 litres, mais 248 litres pour le vin !).
À partir de 1672, de nombreux édits, arrêtés, lettres patentes se succèdent pour essayer d’organiser le fonctionnement de chaque fondation. Concernant les structures qui nous intéressent, au final, la disparition de la lèpre dans le courant du XVIIe siècle entraîne la suppression des léproseries qui n’ont plus de raison d’être.
En effet, les revenus et les biens n’étaient plus du tout employés pour soigner, ni pour pallier la pauvreté, les carences et les soins dont avaient besoin les indigents et les malades.
En 1693, au Châtelet, la maladrerie se trouve réunie à l’hôtel-Dieu dès 1693. Et l’arrêt du 15 avril 1695, « porte union à l’hôtel-Dieu du Châtelet des biens et revenus de la maladrerie dudit lieu, pour être employés à la nourriture et entretien des pauvres malades dudit hôtel-Dieu… »
Des lettres patentes du roi Louis XIV, datées du 25 juillet 1704, signées « Louis » et contresignées « Colbert », confirmèrent cet arrêt de 1695 et consacrèrent définitivement la suppression de la maladrerie.
« Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre à tous Ceux que ces présentes verront Salut notre bien aimé. Les Administrateurs de L’hostel Dieu du Chastelet en Brie Diocèze de Sens nous ont fait remontrer [dire] … »
Tout au long du XVIIe siècle et surtout à partir de 1704, l’hôtel-Dieu du Châtelet prit de l’importance au regard des nouvelles responsabilités qui lui furent attribuées.
On sait, par exemple, que durant les grands froids de l’hiver 1709, il avait reçu « un grand nombre de passans étrangers mendiant » et des enfants abandonnés sur les routes.
Nombreux sont ceux qui moururent de faim…
Si l’on a peu de précisions concernant le nombre de personnes accueillies ou soignées, on sait qu’il continuera de fonctionner tout au long du XVIIIe siècle et au-delà de 1789.
On en veut pour preuve une réunion du 15 mars 1766, où l’on remarque la présence du curé du Châtelet Henriot administrateur spirituel de l’hôpital et Louis François Bachignard garde des plaisirs du Roy en la Capitainerie de Fontainebleau, administrateur en exercice de l’hôtel-Dieu.
N’ayant pas été aliénés à la Révolution, les terres, les biens et les revenus de « l’hospice », comme ceux de la maladrerie, constituèrent par la suite le principal revenu du bureau de bienfaisance du Châtelet.
Précisons qu’à partir du 27 novembre 1796 (7 frimaire an V), les municipalités doivent prévoir de nouveaux modes d’aides aux indigents orphelins et malades. La fraternité entre tous les citoyens devient une obligation. D’où la création de « bureaux de bienfaisance » pour les pauvres ne pouvant être accueillis dans les hospices.
En l’an VIII, on remarque que l’hôtel-Dieu se nomme « hospice civil ».
Pour la petite histoire, notons que les terres louées ou vendues, ayant appartenues à l’hospice, continueront d’être nommées, encore au XXe siècle, « terres de la maladrerie ! ».
Quant à l’hôtel-Dieu, on l’appelait encore dans la première moitié du XXe siècle « l’hospice » bien qu’il fût depuis bien longtemps l’emplacement de l’école maternelle !
P et A Mary