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Modifiée le 11 février 2021
Monique à l’école primaire
« Tous les matins, mon jeune frère et moi, nous allions seuls à l’école. Mais ma mère pouvait nous surveiller depuis la maison.
Nous rentrions par l’école des petites filles.
L’institutrice s’appelait Melle Guyot. Elle était épatante, gentille, douce, très proche des petits enfants. A ce moment-là, il y avait une vieille dame qui aidait les écoliers à aller aux toilettes.
Il y avait aussi CP, CE1 et CE2. On avait des pupitres qu’on cirait 2 fois par an. C’était à celui qui allait avoir le pupitre le plus brillant.
Quand on avait bien travaillé on avait le droit d’aller verser de l’encre dans les encriers et on avait accès à la réserve de cahiers que l’on avait la chance de pouvoir ranger. Il y avait un gros poêle sur la droite de la classe qui avait un aérateur à tirettes.
Melle Guyot habitait un logement au-dessus de l’école.
Dans la classe d’à côté, Melle F avait la classe des plus grands. Elle était excellente institutrice, très cultivée, intéressante, passionnante. Elle nous faisait faire des textes pour la préparation à l’examen d’entrée en 6ème qui n’était pas facile. Ce sont seulement les filles, bonnes élèves qui passaient cet examen.
Cette maîtresse préparait aussi le certificat d’études pour les élèves qui avaient un niveau insuffisant pour aller en 6ème. Celles-ci pouvaient entrer au Cours complémentaire en cas de succès qau certificat.
Melle F s’habillait avec des « dirndl ». C’était un tablier autrichien, [costume bavarois aussi]…corselet lacé, jupe coton très serrée. « Le coutumier » était en coton. Mais pour les cérémonies, les spectacles, les concerts, ce sont de magnifiques costumes de soie, velours brodés, avec un corsage de linon blanc, brodé et empesé.
Nous apprenions et chantions « maréchal nous voilà » [à la gloire du maréchal Pétain, durant l’Occupation].
Elle nous apprenait aussi des chansons allemandes.
Un jour, elle nous a emmenées au Château de Saveteux. On s’est arrêtées devant le portail du manoir pour ramasser des marrons, des glands et des feuilles d’automne. Nous les avons dessinés en rentrant en classe.
Melle Guyot avait de très bons rapports avec mon père. Nous faisions des fêtes à l’école. Nous avions été déguisés en chat botté. Papa, avait moulé sur des pots de fleurs, des vieux feutres pour en faire des chapeaux. On avait de très beaux costumes noirs, et il avait sculpté des épées en bois. Papa était très bon bricoleur.
Chaque classe avait préparé des saynètes que nous jouions devant tout le monde.
[Ce furent] des années scolaires heureuses.
On organisait des bals masqués où tous les enfants de l’école étaient déguisés.
Monsieur Brun et Monsieur Poisson (père de Georges) participaient aux festivités.
Je fus une enfant libre et heureuse, et ça comptait aussi. Mon père était bellifontain et connaissait l’envie de forêt.
A 8 ans, il me laissait aller sur la route de Saveteux en compagnie de mes camarades, jusqu’à un petit bois où l’on trouvait des noisetiers, des fraises des bois et des violettes. Et en revenant, nous longions des fossés profonds qui servaient à drainer l’eau des champs.
Je faisais des petits bateaux qui allaient jusqu’au ru. Et on me laissait faire ça toute seule.
Peut-être que mon père avait l’œil sur moi, ou la mère Bénard, la voisine. Elle était, un peu marginale, c’était aussi une vraie concierge, mais très fine et intelligente.
Un jour, mon père m’avait emmenée sur la route de [Féricy ndlr]. Il y avait un endroit où l’on pouvait cueillir des orchidées ».
André Mary