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Modifiée le 10 janvier 2017

La rue du 26 août 1944

Départementale n°605

Nous avons pris l’engagement, il y a 2 ans de vous conter épisodiquement «Le Châtelet-en-Brie d’Hier et d’Aujourd’hui».

Chose promise chose, chose due. Voici le troisième volet de cette rubrique.

Avant 1760, Le Châtelet était traversé par une voie de communication antique, datant des gaulois et des romains, appelée «chemin du Roy». Venant de Melun elle passait par les tertres de Vaux, Mimouche, Berceau, Bois Louis, pour aboutir devant le château des Dames ; cette route royale devait se poursuivre par la place du Pilori et par la chapelle Sainte-Reine, pour se diriger ensuite vers la croix de Balle puis, en direction de l’Ecluse, Pamfou et Montereau.

Le Châtelet vécut comme une aubaine la création, dans les années 1770, de la route de Paris à Gex et Genève.

 

Plan de la traversée du Châtelet-en-Brie 1772 (Archives départementales)

 

Cette route qui fut érigée en route de poste le 1er février 1792 apporta de grands bouleversements dans le village, comme le montre le plan de 1772, dressé par Jean-Rodolphe Perronet, architecte, qui notait en marge de ce plan: «Les alignements et élargissements de cette traversée ont été approuvés à l’assemblée des Ponts et Chaussées ce 23 may 1769 et l’exécution en a été ordonnée par monsieur TRUDAINE pour le temps auquel les propriétaires, demanderont les alignements pour construire leurs maisons ou mur de clôture, exceptées les maisons qui sont comprises dans le redressement de l’entrée et de la sortie du village lesquelles doivent être démolies et payées sur les fonds des Ponts et Chaussées».

On peut noter qu’à l’époque, le carrefour n’existait évidemment pas et la rue principale était celle qui allait des Ecrennes à Fontaine-le-Port. Il fallut démolir un nombre important de bâtiments pour percer cette voie.

En effet, des hangars, des écuries, des granges appelées «les fermes de Melun», par exemple, furent supprimés pour les besoins de la cause.

Ces travaux durèrent jusqu’à la fin des années 1780. Pour preuve l’alignement de l’auberge du Dauphin, appartenant au sieur François L’hoste, ne fut effectué qu’en 1788.

Cette auberge deviendra au cours du XIXe siècle, l’auberge du «Coin Musard», puis fut transformée en quincaillerie par la suite. Aujourd’hui, c’est le restaurant «le Châtelain» qui occupe cet emplacement.

Depuis le XVIIIe siècle, cette route connut plusieurs identités.

(Collection SHCB)

Comme nous allons l’illustrer à présent, la partie de cette route qui se trouve dans le village, la rue du 26 août 1944, connut bien des changements depuis le XIXe siècle.En effet, qu’on l’appelle, «Route de Bourgogne, Route Impériale n° 5, comme en 1772, «Grande Route de Paris à Montereau par Melun» en 1785, «Route Royale n° 5 de Gex à Genève» en 1845 ou «Route Nationale n° 105 de Paris à Genève et en Italie par le Simplon» en 1937, il s’agit bien de celle que nous appelons aujourd’hui, la «Route Départementale n° 605» qui traverse Le Châtelet.

C’est ainsi, qu’en rentrant dans le Châtelet en venant de Montereau, on peut constater que cette voie bordée d’arbres est quasiment déserte.

La chapelle Sainte-Reine se perd dans une verdure abondante.

En ce qui semble être, un après-midi de début d’automne ensoleillé, deux femmes flânent sur la route non bitumée, sans grand danger d’être perturbées par des véhicules à moteur ou hippomobiles.

Cette ambiance bucolique, contraste avec la vue récente, où feux tricolores, passages protégés, ralentisseurs, voitures, s’octroient le monopole de la chaussée. Les arbres bordant la chaussée ont presque tous disparu.

En remontant vers le carrefour du Puits de l’Échelle, cette deuxième vue, présente le même tronçon de la «Route de Montereau, Nationale n° 5, mais dans le sens Melun Montereau.

C’est Henri Melun, aubergiste, qui reçoit, même avec provisions. Pourrions-nous, de nos jours, envisager une telle situation? On peut en douter.

Notons que notre restaurateur y sert une cuisine bourgeoise. Une grande salle est à la disposition des sociétés, des danseurs et pour y organiser des noces.

(Collection SHCB)

On remarquera par ailleurs, que le téléphone est installé au Châtelet puisque monsieur et madame Melun en possèdent un. Ce n’est pas le 22 à Asnières, mais le 19 au Châtelet-en-Brie.

Nous sommes au début du XXe siècle. Les clients, uniquement des hommes, sont attablés pour se détendre un peu après une journée de labeur. C’est manifestement, l’heure de l’apéritif.

On remarquera des personnes en tenue de travail et quelques clients, mieux vêtus.

Une dame et une enfant se tiennent debout sur le pas de la porte. Ce

Le trottoir sert de terrasse. C’était une chose coutumière à cette époque.

Pour l’anecdote, on se remémorera qu’en 1985, l’USC «judo» convia à déjeuner dans cette auberge, une équipe de Tchécoslovaquie venue participer à un tournoi de judo à Lagny. Ce fut un bon souvenir pour la plupart de nos judokas.

Signalons enfin, que les clients du jour sont sur le point de voir passer le véhicule motorisé que l’on aperçoit sur la route. Cela était, sans doute encore, une curiosité à cette époque, car les voitures étaient encore assez rares au début du XXe siècle.

Cette auberge qui connut plusieurs propriétaires, ferma ses portes dans les années 1990 pour laisser la place à des habitations privées.

Aujourd’hui, au regard de la circulation que les châtelains subissent quotidiennement, on aimerait bien un bref retour dans le passé proche, il y a cent ans, pour retrouver un peu de calme et de sérénité.

En effet, le conseil municipal éprouva la nécessité le 11 octobre 2010, d’approuver le principe d’un nouveau contrat triennal en partenariat avec le conseil général afin de réaliser des aménagements de la route dans la traversée de l’agglomération dans le but d’améliorer la sécurité.

Le 5 avril 2011, le conseil approuvera la réalisation d’un carrefour giratoire nécessaire pour la réalisation de l’extension de la zone d’activité.

En face de l’auberge Henri Melun se trouvait une charcuterie.

(collection SHCB)

Le charcutier qui pose, sur le cliché ci-contre, avec ses employés n’est autre que Georges Legrand qui assura le service durant des décennies. Les 2 vendeuses dont l’identité nous est inconnue, posent sagement aux côtés de leur patron. Elles arborent un chignon impeccable et un tablier fraîchement empesé.

Quant au commis, il a peut-être dû effectuer une livraison à l’extérieur du village avec son vélo.

On devine à travers les carreaux de la vitrine ces denrées préparées avec soin.

Georges Legrand était une figure bien connue des châtelains, car il fut le deuxième président de l’association «Le Lendemain», durant toute la période de l’entre-deux-guerres, de 1920 à 1939.

C’est monsieur Desfonds qui reprit l’affaire quelques années plus tard.

Sa célèbre andouillette était drôlement appréciée; même les gens de passage la connaissaient bien.

En effet, le dimanche matin notamment, la charcuterie ne désemplissait pas, car les personnes qui venaient en famille pour le week-end, ne rataient pas l’occasion de déguster ce fameux produit de qualité. Aujourd’hui, cette charcuterie a disparu, comme toutes les nombreuses boutiques de cette rue d’ailleurs. C’est une habitation privée qui l’a remplacée.

En avançant encore un peu en direction de Melun, nous voici arrivés au carrefour de la place du Puits de l’Echelle, croisement de la D 605 et de la route reliant les Ecrennes à Fontaine-le-Port.

Ce cliché date d’avant 1910. Tous les gens du quartier sont sortis, piqués de curiosité par l’attrait que représentait encore la venue du photographe.

Les châtelains ne sont pas endimanchés comme on le constate fréquemment lors d’une prise de photos.

On peut y voir le boucher et la bouchère sur le seuil de leur commerce.

Ce sont sans doute, monsieur et madame Lemoine qui eurent pignon sur rue de 1882 à 1911 environ.

Par la suite, cette boucherie fut, entre autre, la propriété de la famille Bonnet durant près de 60 ans. Les parents de notre compatriote Jean-Claude l’avaient acquise en 1932.

Ils possédaient rue Rambouillot un abattoir pour y tuer les moutons destinés à la vente.

Les veaux et les bovins étaient, quant à eux, abattus rue de la Coudre où se trouvait un abattoir plus conséquent.

(Collection SHCB)

Le dernier des «Bonnet» à tenir cette boutique fut Jean-Claude jusqu’en 1994. S’il garde de nombreux souvenirs de cette époque, il en est un qui, à n’en pas douter, est resté dans toutes les mémoires, et certainement dans la sienne.

En effet, comme on peut le voir sur le cliché récent, la boucherie a été déplacée, l’entrée se trouve rue Rambouillot. Cette bâtisse a fait l’objet d’une reconstruction complète et pour cause!

Suite à un accident de la route dramatique, un camion vint terminer sa course dans la boucherie, la détruisant complètement et blessant grièvement Jean-Claude, mais fort heureusement, il s’en sortit plutôt bien, car il est encore parmi nous.

On notera par ailleurs, d’autres artisans en tablier de cuir ou de toile qui ont quitté eux aussi leur atelier pour venir à la rencontre du photographe. Il s’agit peut-être du cordonnier ou de l’horloger qui tenaient échoppe place du Puits de l’Échelle, à cette époque.

Tout au fond, sur la route nationale, des poules picorent tranquillement. Eh oui! Autres temps autres mœurs.

Ce carrefour qui était naturellement dépourvu de panneaux indicateurs et de toute signalisation au début du XXe siècle, est devenu un secteur où la plus grande prudence est de mise.

La fontaine du Puits de L’Echelle se trouvait beaucoup plus en retrait qu’aujourd’hui.

On aperçoit à l’extrême gauche de la photo, la boulangerie, communément appelée «aux marches», qui est installée là depuis bien longtemps et qui existe encore de nos jours malgré les multiples changements de propriétaires.

On peut voir à droite de la photo, un réverbère à pétrole qui éclairait la nationale au début du siècle dernier. Il en existait plusieurs dans toutes les rues du Châtelet, avant l’arrivée de l’électricité.

C’est en 1880 que l’entreprise parisienne Clerc fut choisie pour installer 25 réverbères afin d’éclairer nos rues et de les entretenir durant 10 ans. Ce contrat fut renégocié en 1890.

Un employé, tel l’allumeur de réverbères du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, venait les allumer à la tombée de la nuit et les éteindre au petit matin.

Un témoin de cette époque, nous contait un jour que, quotidiennement: «il voyait passer cet homme qui remplissait les lampes et les nettoyait. Dans les maisons on s’éclairait aussi au pétrole…».

Puis, en 1909, l’éclairage électrique est arrivé au Châtelet. On en voit la preuve sur le toit au dessus de la boucherie. Une usine électrique fut installée en 1910. Mais on attendra quelques années avant de voir l’électricité éclairer toutes les chaumières châtelaines.

Comme nous venons de le voir, cette rue du 26 août 1944 connut de grands bouleversements, depuis plusieurs siècles et surtout au cours du XXe, mais nous n’avons pas encore dévoilé tous ses secrets et cela fera peut-être l’objet d’un autre article.

La place du Puits de l’Échelle bien avant la Révolution et jusqu’en 1789 fut aussi appelée place du Pilori car, comme on a pu le conter ailleurs, les Dames de Poissy, seigneurs du Châtelet, avaient le pouvoir de haute, moyenne et basse justice.

Place du puits de l’Echelle (Collection SHCB)

Les condamnés pouvaient être installés là, au vu et au su de tous les châtelains pendant une journée voire davantage.

Au cours du XIXe et du XXe siècle, de nombreux commerces se sont succédés, en lieux et places de la cordonnerie et de l’horlogerie que l’on aperçoit sur l’ancien cliché ci-contre.

On notera aussi que la «réclame» est déjà en vigueur au début du siècle dernier. Celle de Singer par exemple, est peinte sur le mur, comme s’était souvent le cas à cette époque.

La fontaine, telle les colonnes Morris, est recouverte de publicités et d’informations en tous genres.

Aujourd’hui, la place a fait peau neuve. Les façades ont été rénovées, mais on notera que le colombage que l’on voit au dessus de l’horlogerie, existe encore actuellement.

Cette place du Puits de l’Echelle, vaudrait à elle seule une publication spécifique, mais cela est autre histoire.

 

Nous poursuivons aujourd’hui notre déambulation dans cette rue, en partant du croisement avec la rue de l’église jusqu’à la gendarmerie en allant en direction de Melun bien évidemment.

Nous ne reviendrons pas sur les diverses dénominations de cette rue.

Rappelons simplement, qu’elle fut percée dans les années 1770, lorsqu’on décida d’ériger cette voie en route de poste.

Le 26 août 1944, jour de la libération du Châtelet-en-Brie par les forces alliées fera l’objet d’une commémoration toute particulière fin août/début septembre 2015. Célébration dont nous vous parlerons ultérieurement.

Le premier cliché ci-dessous qui est antérieur à 1914 au regard des tenues féminines, nous donne une vue générale de la rue du 26 Août 1944, depuis la poste actuelle en allant vers la gendarmerie.

On remarquera tout au fond en arrière-plan, à la sortie du village, la route bordée d’arbres de chaque côté. Ces arbres s’il en reste encore quelques-uns sur la partie gauche de la chaussée aujourd’hui ont pour la plupart disparus ou ont été remplacés par des arbres plus petits.

Les trottoirs étaient pavés et la route qui n’était pas encore bitumée accueillait depuis quelques années les premiers véhicules motorisés.

Néanmoins la circulation y était peu importante. Cela permettait aux gens de circuler librement sur la chaussée et même de poser tranquillement sans être importunés.

On voit deux dames endimanchées. S’agit-il de sœurs partant pour la messe ou se rendant à une fête ? A moins qu’elles ne se soient ainsi vêtues, simplement pour accueillir le photographe P.D. Chrétien venu de Melun.

Nombreuses sont les personnes qui sont sorties pour être immortalisées sur la pellicule.

(Collection SHCB)

On remarquera au premier plan à droite, la boutique Caïfa où l’on vend du café. Le propriétaire se tient sur le pas de la porte. Il a tenu cette boutique avec son épouse durant l’entre deux guerres et jusque dans les années 50.

Les échoppes, ateliers et établissements divers ne manquaient pas dans cette rue.

C’est ainsi que juste à côté de l’établissement Caïfa, se trouvaient deux autres boutiques.

Monsieur Aubert avait ouvert une cordonnerie avant la 1ère guerre mondiale et madame Aubert la transforma en magasin de chaussures. Madame Yvonne Burel, leur fille, en prit la succession et cette dame cumulant les emplois, travaillait à la Cooper à Melun dans la journée et ouvrait sa boutique le soir ou dès qu’elle avait un congé.

L’établissement suivant était celui d’un tailleur qui avait la particularité de coudre ses vêtements en s’asseyant sur sa table de travail. C’était une pratique courante autrefois ; elle consistait à croiser les jambes repliées sous soi. D’où l’origine de l’expression « être assis en tailleur ».

Sur le trottoir d’en face, jouxtant le bureau de poste actuel, était située la perception avant qu’elle ne déménage route de Fontaine-le-Port dans les années 70 ?

Durant toute la première moitié du XXe siècle, se dressait en lieu et place de la poste, une scierie dont les propriétaires furent successivement M. Granger et M. Brun qui fut maire du village durant plusieurs décennies, président du Conseil général et Sénateur.

La dernière maison tout au bout de la rue, sur le trottoir de gauche a longtemps été habitée par la famille Roger qui exploita la ferme du château des Dames entre les deux guerres et jusque dans les années 50. On y vendait des œufs et du lait.

Le personnage, sur le trottoir à droite, au dernier plan qui se tient sur le seuil de son atelier appartient sans aucun doute à la famille Renard dont nous allons parler à présent avec la photo ci-dessous.

La sellerie, bourrellerie Renard a été fondée dans le courant du XIXe siècle par le grand-père de Marcel Renard vers 1860.

Marcel, que nous avons bien connu et dont nous avons raconté une partie de son histoire dans un article du VAV 124 de juin 2014 « hommage à nos soldats » histoire d’un poilu de la guerre 14-18, est né en avril 1897. Dès l’âge de 14 ans il fit son apprentissage avec son père dans cet atelier. Le travail qui ne manquait pas, consistait en la fabrication du harnachement des chevaux de trait. Dans Le Châtelet et les environs, il y avait au début du XXe siècle, jusqu’à 300 chevaux à équiper et à entretenir. A son retour de guerre après 1919, il travailla avec son père dans cet atelier, puis en prit la succession et exerça son métier jusqu’à l’âge de 90 ans !

Sellerie Renard (Collection SHCB)

Sur ce cliché qui date de 1908, se sont des membres de sa famille qui se prêtent au regard du photographe.

Au deuxième rang debout, on voit, notamment, les parents de Marcel.

Au premier rang à droite, on aperçoit Marcel qui a 9 ans, assis à côté de ce monsieur arborant une belle barbe blanche ; il s’agit de son grand-père maternel, Alexandre Delaval.

On notera par ailleurs, ainsi que l’atteste une enseigne supplémentaire sur le fronton de la boutique, que la bourrellerie Renard tenait lieu de dépôt d’engrais fabriqués par l’usine Devaux de Melun.

A noter pour la petite histoire que l’échoppe de monsieur Renard se situait en face du domicile de monsieur Brisedou. Ils avaient pour habitude, tous les ans, de faire flotter à leurs fenêtres de beaux drapeaux tricolores, afin de célébrer à leur manière le 26 août 1944, jour de la libération du Châtelet-en-Brie par les troupes alliées.

En remontant, jusqu’à l’angle de la rue des Grands Jardins, on a pu voir jusque dans les années 1990 cette grande entrée dont la porte était un peu en biais par rapport à la rue du 26 Août.

Mais à quoi correspondait-elle ?

C’est par là, que durant près de 60 ans rentraient et sortaient les diligences qui s’arrêtaient au relais de la poste aux chevaux du Châtelet, afin de déposer le courrier, mais aussi de changer de montures pour pouvoir poursuivre la route vers Montereau ou Melun (ce thème a été développé dans un article sur la poste (voir notre site internet, www.shcb77).

(collection SHCB)

Rappelons toutefois, que ce relais avait été créé dans les années 1790 après avoir percé la route de Paris à Gex et l’avoir érigée en route de poste.

Le Châtelet avait alors connu un essor important et nombre de commerces et d’activités en lien avec le voyage et les transports avaient vu le jour.

Notons par exemple, l’augmentation significative d’auberges et d’hôtels dans le village.

Le fonctionnement du relais lui-même réclamait beaucoup de main-d’œuvre, tant pour soigner les chevaux, il y en eut jusqu’à 30 qui séjournaient régulièrement là, ainsi que des postillons pour conduire les diligences, des bourreliers ou des selliers.

Les chevaux attelés rentraient par cette porte quand ils arrivaient de Montereau, s’arrêtaient dans une grande cour intérieure, puis continuaient leur route vers Melun en sortant par un portail qui se situait au niveau de la gendarmerie. L’entrée se faisait par cette dernière issue pour les véhicules venant de Melun.

Vous remarquerez à chaque angle de cette porte, ces 2 grosses pierres où sont juchés les 2 enfants. Ce sont des chasse-roues que l’on appelle aussi bouteroues ; ils avaient l’utilité de faciliter le passage des chariots ou des charrettes dans l’entrée de la ferme, mais aussi des carrosses ou des cabriolets.

Ce relais de poste fut supprimé au début des années 1850 avec l’arrivée du chemin de fer que l’on choisit alors de faire malheureusement passer par Bois-le-Roi et non par Le Châtelet.

Ce relais eut d’autres fonctions à partir de la fin du XIXe siècle, début du XXe. Il fut remplacé par une scierie dont les propriétaires furent monsieur et madame Noyau. Dans les années 90, cet établissement fut, durant 2 ou 3 ans, restaurant marocain, juste le temps de supprimer cette grande porte. Aujourd’hui ce sont des logements qui ont été aménagés.

Pour l’anecdote, qui sont les 2 enfants devant cette porte ?

Ce sont les deux frères de notre compatriote de la SHCB, Jean-Jacques Brisedou.

Dirigeons nous vers le n°3 de la rue du 26 Août.

A qui a appartenu cette belle demeure ?

Cette bâtisse, aujourd’hui, acquise par l’OPHLM77 a été transformée en logements.

Mais des médecins l’ont occupée tout au long du XXème siècle. On notera par exemple, les docteurs Gabara, N’Guyen et le docteur Carpanetti.

Mais celui dont on garde le plus sûr souvenir, celui qui a marqué les châtelains ayant eu la chance de le connaître, c’est le docteur Paul Vivier.

On aurait pu à l’évidence, consacrer à ce médecin un article entier, tant sa vie a été bien remplie.

Voici une petite partie de son histoire et notamment ce qui le rendit « célèbre ».

Le docteur Vivier naquit le 1er janvier 1848 dans le département de l’Aveyron et décéda au Châtelet-en-Brie le 7 février 1930 dans sa 83e année.

Ce médecin est resté dans nos mémoires, en raison notamment des soins qu’il a prodigués à Rose Beuret, l’épouse du célèbre sculpteur Auguste Rodin.

Le Docteur Paul Vivier et son épouse Anna, née Boever (1859-1925), étaient de grands amis d’Auguste Rodin et de sa femme.

 

Docteur Vivier (Collection SHCB)

(Collection SHCB)

Rose, de santé fragile, vint souvent se reposer chez ses amis au Châtelet, surtout de 1911 à 1915. Auguste Rodin l’accompagnait ou la retrouvait, logeant chez son ami Paul Vivier et parfois à l’hôtel des Voyageurs, qui se situait à l’angle de la rue de l’église et de la rue du 26 Août 1944.

En 1914, Rose fit de longs séjours chez le couple Vivier à plusieurs reprises du mois d’avril à fin juillet.

En 1915, elle y passa la majeure partie du mois d’avril. Le docteur Vivier et Auguste Rodin eurent des échanges épistolaires dès 1890, comme peut l’attester la correspondance du sculpteur publiée en quatre tomes à partir de 1985 « les éditions du musée Rodin ».

Notons par ailleurs, que le docteur Vivier prit part à la guerre de 1870 et à celle de 1914-1918.

En février 1921, il fut nommé chevalier de Légion d’honneur lors d’une cérémonie qui eut lieu au Châtelet-en-Brie. Nous pouvons remarquer sur le cliché ci-dessus, la présence de personnalités très connues qui entourent notre médecin ; jugez du peu : par exemple, monsieur et madame Sommier, propriétaires du château de Vaux-le-Vicomte, le baron Berthemy châtelain du château de la Borde, ainsi que le lieutenant des pompiers du Châtelet.

Au premier plan, le petit garçon qui tend la main au docteur Vivier est son petit voisin Pierre Paul qui fut plus tard marchand d’huile.

Nous terminerons cette petite promenade dans le temps, par cette bâtisse du XIXe siècle qui n’est autre que la gendarmerie. La carte postale date de 1901. On remarquera ce véhicule hippomobile, comme il y en avait tant à cette époque, qui s’est arrêté là, le temps de la pose, ainsi que le petit enfant assis dans l’herbe, au pied du mur d’enceinte, qui ne semble nullement abandonné au regard de la manière dont il est habillé.

(Collection SHCB)

Par ailleurs, les gendarmes n’ont pas toujours été hébergés à cet endroit.

avant la Révolution, la maréchaussée, puis à partir de 1791, date de la création de la gendarmerie, les « gens d’armes » étaient logés chez l’habitant, malgré une ordonnance de 1770 qui tente de généraliser le casernement.

C’est ainsi qu’en l’an V, (1797) le ministère de la Guerre demande à la commune du Châtelet de recenser tous les gendarmes de la brigade qui sont, soit en casernement, soit chez l’habitant, pour envoyer les sommes nécessaires au payement des loyers.

Cela semble attester qu’une brigade de gendarmerie existait dans le village, bien avant 1801, date supposée de sa création au Châtelet-en-Brie.

Si on indique la présence de gendarmes dans ce bâtiment à partir de 1820, un procès-verbal certifie l’installation définitive de la brigade à cheval du Châtelet dans cette maison, le 1er janvier 1894.

A cette époque, ladite maison appartenait « au sieur Poussié qui, en a passé bail pour 18 ans à dater du 1er janvier 1894 ». Ce procès-verbal d’installation est signé du maire du Châtelet, monsieur Chaillot et de monsieur Boursier, capitaine commandant la gendarmerie de l’arrondissement de Melun. Un nouveau bail était signé en 1921 et pour 9 ans avec la Vve Poussié, propriétaire du château des Dames.

Cette maison que l’on nomme encore aujourd’hui « le Château » en était une dépendance.

Ce bâtiment, dont la structure extérieure ne semble pas avoir subi de changements significatifs jusqu’à aujourd’hui à fait l’objet de nombreuses réparations et restructurations intérieures, au fil du temps et jusqu’à une époque récente (1995).

Les arbres très présents dans la cour de la gendarmerie au début du XXe siècle ont aujourd’hui disparu, laissant apparaître un bel édifice, bien rénové et mis en valeur.

Disons pour conclure que la remise en état de la rue du 26 Août, D 605, son élargissement et la mise en place de feux tricolores ont permis une sécurisation des lieux. La circulation des véhicules motorisés est meilleure, mais l’omniprésence des voitures sur cette voie a malheureusement fait fuir les piétons qui se contentent de traverser cette rue pour se rendre à la poste ou au bistrot du coin. Ce sont les deux seuls établissements qui amènent une certaine animation, sinon tous les autres commerces, ateliers ou échoppes ont définitivement disparu.