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Modifiée le 22 décembre 2020
La bascule du Châtelet
publique ou privée ?
L’histoire du « poids public » est essentiellement liée à un impôt de notre pays : l’octroi, impôt municipal qui consistait à taxer les produits qui entraient dans les villages en fonction de leur poids.
L’octroi est un prélèvement sur la valeur des marchandises ; le péage est un droit perçu sur le passage des véhicules voire des personnes. L’octroi avait une double finalité : il permettait d’une part le contrôle de l’import/export ou du simple transit des marchandises et contribuait à limiter la contrebande.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’octroi accroissait encore plus les difficultés d’approvisionnement des denrées comestibles. Il fut supprimé définitivement par la loi no 379 du 2 juillet 1943 portant suppression de l’octroi à la date du 1er août du gouvernement Pierre Laval.. De nos jours nous avons la TVA !
Aux abords du château des Dames, une bascule a existé, visible sur la photo ci-après. Quand-a-elle été construite ? Par qui ? Pourquoi ? Autant de questions dont les réponses ne sont qu’hypothèses par manque de documentation.
Compte tenu de la proximité de la ferme du château des Dames on peut associer l’ouvrage à la reconstruction du château, de la ferme et de ses communs, soit entre 1875 et 1885. La plupart de ces édifices ont été construits à la fin du XIXe et abandonnés après les années 1960. C’est peut-être le cas de la bascule du Châtelet-en-Brie, la photo aérienne jointe ayant été prise entre 1945 et 1975.
L’ouvrage était constitué de deux parties : à l’extérieur le plateau bascule ❶ et le local de pesage ❷ où se trouvent les fléaux parallèles gradués ainsi que les curseurs coulissants.
C’était l’outil idéal pour les transactions commerciales. L’éleveur y pesait ses bestiaux. Le prix étant déterminé au poids, il pouvait négocier plus facilement avec l’acheteur. Tout passait par la bascule : matériaux de construction, denrées alimentaires, céréales et produits agricoles. Pour peser les charrettes tirées par des bœufs, on procédait à un dételage, l’engin était pesé avant et après la livraison. Par soustraction on obtenait le poids des produits. L’engin était suffisamment sensible pour peser un seul mouton jusqu’à des charges de 3 à 4 tonnes.
Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, les bascules à bestiaux et produits agricoles étaient des outils indispensables à l’économie des campagnes, qui vivaient exclusivement de l’agriculture et de l’élevage. Elles étaient nécessaires aux négociations et transactions. Avant de se rendre au marché, il fallait donc peser : vin, sable, bestiaux de boucherie, minerais, huile, bois, etc. Faire peser les marchandises était aussi une source de revenus pour les petites communes car c’était un service payant.
Dans de nombreux villages, la balance publique se trouvait non loin du centre, aux abords de la gare, d’un bureau de poste ou d’un lieu de marché. A d’autres endroits elle était positionnée en sortie d’agglomération. Le garde champêtre en était bien souvent « l’agent peseur » chargé par la municipalité d’effectuer les pesages des produits ou animaux confiés par les exploitants agricoles ou les particuliers. Il remettait un « bon de pesage » et consignait dans un registre les éléments de ses pesées : nom des demandeurs, produit pesé, poids constaté, etc.
Toutefois il faut différencier le « poids public » du « pont bascule » privé. Ce dernier était utilisé uniquement par le propriétaire de l’exploitation sur laquelle il se trouvait.
Au Châtelet-en-Brie, faute de documentation on peut penser que la bascule était privée. En effet sa position excentrée sur un chemin à l’époque sans issues me fait dire qu’elle ne servait qu’à la ferme du château. L’extrait du plan du château de 1962 suivant me conforte dans cette idée.
Mais faute de preuves contraires, toutes les hypothèses sont valables. L’enquête continue !!!
Jacky Breuillé
> Pour compléter, non loin de nous : La bascule d’Andrezel-village