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Modifiée le 15 janvier 2017
Un champion cycliste au Châtelet-en-Brie
Il est aujourd’hui âgé de 69 ans et a toujours bon pied bon œil.
Il se nomme Enzo Mattioda.
Mais qui est cette personne qui a vécu longtemps au Châtelet, à côté de la boulangerie dite « les marches » ?
Enzo fut champion cycliste dans les années 70, un membre de la SHCB, passionné de cyclisme qui l’a rencontré récemment, a exprimé le désir de vous conter son histoire.
« La SHCB raconte… » lui laisse la plume !
Né à Boeurs-en-Othe, en Bourgogne, le 22 août 1946, il est venu habiter dans notre village au début des années 50 avec ses parents qui tenaient une mercerie et son frère aîné Tino.
Cette famille originaire de Turin, se réfugia en France pour fuir le régime mussolinien qui était au pouvoir avant la 2e guerre mondiale en Italie.
C’est son frère Tino qui s’essaya le premier à la course cycliste, mais une mauvaise chute interrompit précipitamment sa prometteuse carrière.
C’est ce dernier qui mit Enzo en selle avec le club de Dammarie-les-Lys, dans les années 1958-1959.
Enzo coureur cycliste amateur…
Très vite, ce jeune coureur s’imposa comme un bon élément et en 1966, le grand club amateur de l’ACBB (club de Boulogne-Billancourt) lui ouvrit ses portes.
Mickey Wiegand, qui dirigea entre autres le célèbre Jacques Anquetil, tenait les rênes du « team de Billancourt » à cette époque et prit Enzo sous sa houlette.
C’est aussi en 1966 que notre châtelain, en devenant champion d’île-de-France inscrivit sa première grande victoire sur sa carte de visite.
Après une année passée à Luxeuil, dans les Vosges, Enzo revint à l’ACBB en 1970.
Cette année-là fut pour lui une année exceptionnelle qui lui ouvrira les portes du professionnalisme.
Jugez du peu : Au lendemain d’une très belle victoire dans le Paris-Roubaix réservé aux amateurs (fort justement appelé « l’enfer du nord » avec ses célèbres pavés),il récidiva dans une course à Fourchambault, dans la Nièvre.
Il remporta aussi, une grande « classique » de l’époque, Paris-Briare (Loiret).
Cette même année 70, il porta le maillot de leader au tour du Bordelais et remporta le maillot du meilleur sprinter.
Son passage chez les Professionnels : 1971-1977…
à cette époque, l’ACBB était l’antichambre de la grande équipe professionnelle Peugeot qui comptait dans ses rangs, entre autres, Bernard Thévenet (vainqueur du tour de France en 1975 et 1977), Jean-Pierre Danguillaume ou Jacques Esclassan (maillot vert en 1975)…
Enzo fit partie des heureux élus ; il intégra l’équipe Peugeot et ne démérita pas car il termina 8e de la course Paris-Tours pour sa première année chez les « pros ».
Si ces débuts furent prometteurs, la suite fut moins à son avantage.
En effet, en 1972 il quitta « Peugeot » pour l’équipe Gitane, sans résultats probants. S’ensuivit une succession d’équipes qu’il fréquenta avec plus ou moins de bonheur. Sonolor, Jobo, Kremlin- Sports, Carlos Galli (en Belgique) et Merlin-Plage furent les principaux groupes qui misèrent sur lui.
Mais à part quelques exploits très ponctuels, en 1973, une embellie que nous allons vous conter ci-dessous, Enzo ne rencontra pas tous les succès qu’il était en droit d’espérer.
En 1973…
Après quelques belles victoires dans des critériums, (compétitions d’un jour se déroulant en ville sur un circuit de 1km ou plus et sur une distance de 150 km maximum), comme celui d’Ambert ou de la Selles-sur-Cher, notre châtelain de cœur, s’inscrivit en dernière minute au « Derby de la route », car c’est ainsi que l’on nommait celle qui fut la grande classique Bordeaux-Paris, 600 km à parcourir dans la journée !
Enzo Mattioda réalisa un authentique exploit ce jour-là en concluant cette épreuve victorieusement. Il devança Cyrille Guimard (champion français) de 4’et Walter Godefroot (grand coureur belge) de 8′. Ceci n’était tout de même pas donné à tout le monde.
Comme avait coutume de demander un ancien grand monsieur du cyclisme, Francis Pélissier, à l’un de ses poulains quand il gagnait une course : dis-moi, qui était 2ème ?
Avec Enzo, il aurait été plus que satisfait ce jour-là !
Cette victoire fut d’autant plus méritante que deux mois avant cette course, une mauvaise chute dans le tour des Flandres laissa Enzo dans le coma durant plusieurs heures.
Enzo ne retrouva jamais cet état de grâce, du moins sur la route.
En effet, il s’essaya à la piste et s’en tira plus qu’honorablement puisqu’un titre de champion de France de demi-fond obtenu en 1975 vint sanctionner la fin de sa carrière. Il raccrocha le vélo en 1977 avec la satisfaction du devoir accompli.
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Aujourd’hui, 40 ans plus tard, Enzo n’éprouve aucun regret de tout ce qu’il a vécu. Globalement, il conserve de très bons souvenirs de ce passage dans les pelotons cyclistes de haut niveau où il côtoya tous les grands champions de l’époque : Bernard Thévenet, Eddy Merckx, Félice Gimondi, entre autres.
Tous les trois furent plusieurs fois vainqueurs du tour de France.
Le célèbre coureur italien Gimondi, est même venu passer quelques jours au Châtelet chez Enzo.
Cependant, 2 évènements restent pour lui, à l’évidence, inoubliables.
D’une part, sa victoire dans Paris-Bordeaux. Mais aussi, le jour où, dans « la classique » Paris-Tours, Enzo, seul français d’une échappée composée entre autres d’Eddy Merckx, fit très mal à ce dernier, en prenant des relais très appuyés.
Même si ce jour-là Enzo ne remporta pas la victoire, ce fut un grand moment dans sa vie de coureur cycliste.
À 31 ans, après sa carrière cycliste, Enzo Mattioda se reconvertît dans la vente de véhicules automobiles chez Renault à Laval. Puis il devint concessionnaire Chevrolet au Mans.
Retraité en 2007, Enzo continue de s’adonner à son sport favori afin de conserver la forme.
Il revient régulièrement dans la région, chez son frère Tino, pour partager avec lui une autre saine activité, celle de la pêche.
On ne peut que souhaiter à notre champion, une longue et belle route.