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Modifiée le 3 septembre 2024
Le passé viticole du Châtelet-en-Brie
Si actuellement toutes les régions de France fabriquent des bières, la boisson reine de l’ancien temps était le vin. La Brie, puis plus tard la Seine et Marne, n’échappaient pas à la règle.
Même si la littérature n’est pas très fournie sur le sujet, citons en 1223 le doyen du Châtelet-en-Brie qui fait don aux moines de Barbeau d’1/2 arpent de vigne et Etienne Pasquier (1529-1615) qui vient faire les vendanges dans sa ferme de la Ferlandière.
Le vignoble de la Brie existe depuis la nuit des temps, développé souvent sur les coteaux des fleuves qui traversent cette région : les bords de Seine pour le sud, les bords du petit et du grand Morin pour le centre et la Marne pour le nord. Le vignoble du Châtelet-en-Brie va suivre les bords des deux ruisseaux qui traversent son territoire : le rû du Châtelet-en-Brie qui passe à côté du Traveteau, traverse le parc Sainte Reine, passe sous le pont de la ruelle des roches et file vers Fontaine le port. L’autre est le rû du Mesnil ou des Grands Champs qui coule en contrebas du centre commercial passe sous le pont de la Chaumarderie et va rejoindre le rû du Châtelet-en-Brie vers le chemin des terres fortes sur la route de la coudre. Il va surtout s’implanter dans des zones difficilement cultivables, soit parce-que le terrain est en pente, soit que le sol n’est pas très riche.
En 1717, d’après l’étude de l’état de la paroisse du Châtelet-en-Brie conduite par le Seigneur Poisson de Chabeaussière, il était recensé 200 arpents de vignes soit environ une centaine d’ha et atteindra 120 ha à son apogée en 1869.
On dénombre sur la commune du Châtelet 54 vignerons contre 20 laboureurs. Il faudra attendre le recensement de 1872 pour que le nombre de cultivateurs soit plus important (38 contre 47). Ceci annoncera le déclin des métiers de la vigne dans notre village.
43 des 54 viticulteurs sont propriétaires de leur maison mais ils ne possèdent que 40% de la surface du vignoble, les 60% restants appartenant à des commerçants ou quelques petits bourgeois de Melun et d’ailleurs. Ils ne louent que très rarement la vigne, ils préfèrent être journaliers. Seulement 12 d’entre eux ont une surface supérieure à 2 arpents (environ 1ha).
En 1862, cela se confirmera sur 128 exploitations agricoles au Châtelet-en-Brie, 101 sont tenues par des journaliers.
La plantation est alignée en sillons serrés extrêmement denses, soutenue par des échalas. En 1862 on comptait 28000 pieds/ha environ (certains parlent de 40000/ha en champagne), actuellement c’est 4000/ha en général en France.
La variété plantée est en majorité le cep Meunier que l’on appelle aussi « le plant de Brie » qui a l’avantage de bien résister aux gelées tardives, mais qui a le défaut d’être un vin plat et de peu de garde. Les vins de brie étaient médiocres : ils faisaient danser les chèvres. L’assemblée des baillages déclara en 1788 que « les vins de Brie servent de boisson à tout le menu peuple de la province et sont très propres, à cause de leur dureté, à être convertis en vinaigre ». Les vins du Châtelet-en-Brie n’ayant aucune spécificité, ils étaient communs à tous ces vins qui étaient consommés dans toute la région.
Pour le rendement on pouvait espérer jusqu’à 30hl/ha les bonnes années, mais malheureusement cela pouvait être beaucoup moins à cause des gelées tardives ou des pluies printanières ; ce qui fait que la moyenne se situait autour d’une quinzaine d’hectolitres par hectare. En comparaison actuellement en France on parle d’environ 57hl/ha.
Suivant toujours la même enquête de 1717 il existait 3 pressoirs au Châtelet-en-Brie mais aucun n’était banal c’est-à-dire qu’ils n’appartenaient pas à la seigneurie. Par contre sur le descriptif des maisons on note une dépendance appelé fouloir : Une pièce qui permettait de fouler le raisin aux pieds. Il faudra attendre après la révolution pour voir se développer des pressoirs. Sorte de presse destinée à l’extraction du jus de certains fruits. Les pressoirs employés par les vignerons pour l’extraction du jus de raisins sont souvent des plus rudimentaires et se composent d’un bâti, soutenant une table inferieure et d’un plateau supérieur sur lequel s’effectue la pression à l’aide d’une vis manœuvrée à l’aide d’un ou plusieurs bras.
Cette culture n’attendra pas le phylloxera qui arrivera en Seine et Marne en 1881 à Château-Landon dans le sud du département, ni le mildiou en 1885 à Thomery, pour disparaître du Châtelet-en-Brie.
Les différentes mauvaises récoltes, la médiocrité du vin ainsi que les lignes de chemin de fer qui transportaient le vin de meilleure qualité à moindre coût, ont persuadé les viticulteurs de transformer leurs vignes en vergers.
Seuls quelques irréductibles tenteront l’expérience des plans américains (« le Noah » pour le vin blanc et « l’Othello » pour le rouge) qui furent lancés par le conseil général en 1894, sans grand succès.
Étienne Ferrand