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Modifiée le 28 avril 2019

Sainte-Gemme au Châtelet-en-Brie

La ferme, la chapelle, la croix

Sainte-Gemme

Vitrail Sainte-Gemme Église du Châtelet

1 – Qui était Sainte-Gemme ?

Selon les hagiographes, cette sainte, serait d’origine espagnole ou portugaise.Au début du IIe siècle, la légende raconte que Gemme était d’une grande beauté et très vertueuse. À l’adolescence, elle s’était donnée au Christ qui seul semblait mériter son amour et sa virginité.

Consul romain, noble et puissant, son père Catilius, qui fut aussi préfet de Galice, mit toute son énergie pour ramener sa fille au culte des dieux romains. Son vœu le plus cher était de la marier à un jeune seigneur du pays. Mais gemme s’y refusa.

Dénoncée comme chrétienne, la jeune fille fut jetée dans un cachot où on lui fit endurer les pires tortures. Elle fut condamnée à être brûlée vive, mais dieu la préserva des flammes. Alors, on lui trancha la tête. Gemme avait quinze ans.

De la région de Compostelle où elle vécut, sa réputation de sainteté franchit les Pyrénées et se répandit en France en suivant les chemins de pèlerinage de Saint-Jacques.

Plus de 15 communes, dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la France, sont placées sous le vocable de Sainte-Gemme témoignant ainsi de la notoriété de cette sainte et martyre. Elle fut aussi honorée depuis le XIIe siècle au Châtelet-en-Brie où une chapelle, comme nous le verrons, lui était dédiée.

 

 

 

 

2 Quels furent les différents propriétaires ?

On l’appelle Sainte-Gemme ou Sainte-Gemmes, Saint-Jame, Saint-James ou encore Sainte-James. Et même Sainte-Jamme. (Pour la commodité du récit, nous l’orthographierons « Sainte-Gemme »).

La terre de Sainte-Gemme qui faisait partie, à l’origine, du domaine royal, était située à la sortie du Châtelet-en-Brie, sur le chemin de Saveteux, dans le voisinage de cette localité (voir plan ci-dessous).

Elle consistait en un manoir ou corps d’hôtel avec des bâtiments d’exploitation (granges, étables, cour, jardin) et dans des lieux proches, d’environ 73 arpents de terres cultivées et de prés (25 hectares environ).
Les dîmes de Sainte-Gemme (les revenus de cet impôt), furent données, dès 1170, par Louis VII, au prieuré de Saint-Sauveur de Melun.

(Un prieuré étant un monastère, le plus souvent subordonné à une abbaye plus importante ; il est placé sous l’autorité d’un prieur, lui-même dépendant d’un abbé plus important).

A côté du logement de la terre de Sainte-Gemme se trouvait une chapelle qui lui était dédiée. On y trouvait aussi un petit cimetière dans lequel étaient inhumées des personnes ayant une dévotion particulière à cette sainte.

En 1234, le roi Louis IX, dit « Saint-Louis », céda cette chapelle aux religieuses de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas de Melun, par une charte qui fut confirmée en 1251.

En 1276, Philippe III le hardi, roi de France, fit don de la terre et seigneurie de Sainte-Gemme, aux religieuses hospitalières citées ci-dessus ; charge à elles en contrepartie, de prononcer un « obit » annuel dans la chapelle Sainte-Gemme, pour ledit roi et pour ses 2 épouses, Isabelle d’Aragon (m. 1262–1271) et Marie de Brabant (m. 1274–1285). (Un obit est une messe anniversaire pour le repos de défunts).

Les religieuses de Saint-Nicolas de Melun furent en possession de la chapelle Sainte- Gemme et de la seigneurie jusqu’en 1676, date à laquelle elles l’échangèrent, avec le prieur de Saint-Sauveur de Melun, contre 60 livres de rente annuelle et 8 setiers de blé.

Mais avant l’échange, un état des lieux fut effectué par le sieur Varin, architecte, expert nommé et convenu par les 2 parties ; ce dernier « fait mention en detail du mauvais etat et ruine de la chapelle, dont les couvertures et charpente sont de nulle valeur, les murs pendent et boudent de tous les côtés, les croisées sans vitres et la dite chapelle sans carreau servant de retraite aux pâtres et bergers qui y font du feu… ladite chapelle ayant servi même a retirer des troupeaux de brebis, des chevaux et des matériaux de sorte qu’elle était profanée depuis longtemps… ».

A la mort du prieur de Saint-Sauveur en 1690, le roi décida d’unir le prieuré de saint-Sauveur de Melun qui n’abritait plus que 8 religieux, au Chapitre de Notre-Dame de la même ville et fit passer par la même occasion, les terres de Sainte-Gemme en la possession de la collégiale de Melun, qui la possédait encore en 1790, (une collégiale est une église qui a été confiée à un collège de clercs ou chapitre collégial, c’est-à-dire à un groupe de chanoines formé ailleurs qu’au siège épiscopal. Ils sont tenus d’y chanter ou réciter l’office divin).

Une anecdote pour venir illustrer, l’histoire de cette chapelle : Au regard de la vétusté et de la profanation de la chapelle, telle quelle fut contée ci-dessus, l’archevêque de Sens, nommé commissaire, afin de régler le problème de cet édifice, aurait donné l’autorisation, en 1701, au chapitre de Melun, de faire descendre la cloche se trouvant encore sur le pignon de la chapelle Sainte-Gemme pour la transporter sur l’église dudit prieuré Saint-Sauveur.

Le prévôt du Châtelet et nombre d’habitants du village auraient tenté d’empêcher cet enlèvement, mais ce fut sans succès.

Au début du XVIIe siècle, Dreux de Sayve, écuyer, issu d’une famille très connue à Melun dans la magistrature, se qualifiait de sieur du Bascle et de Sainte-Gemme. Il fut inhumé dans la chapelle avec sa femme et plusieurs membres de sa famille.

Les registres paroissiaux du Châtelet indiquent que, pendant leur séjour dans le pays, il leur naquit 2 filles baptisées au Châtelet et dont les parrains furent, nobles hommes Isaac Arbaleste, seigneur de La Borde et Jacques Sayve ; la marraine fut noble demoiselle Jacqueline de Chaulmont. Elle était, depuis 1602, l’épouse de Pierre Pasquier, écuyer du roi, seigneur de la Ferlandière ; il était le troisième fils d’Etienne Pasquier, éminent personnage de la magistrature au XVIe siècle. « Noble homme Pierre Pasquier », fut lui-même, fréquemment choisi comme parrain, tel qu’indiqué dans les registres paroissiaux du village, dès le 13 octobre 1599.

Si la chapelle Sainte-Gemme est tombée en ruine et a disparu dans le courant du XVIIIe siècle, la ferme du domaine fut détruite en 1802. Un vitrail de l’église du Châtelet, datant de la fin du XIXe, don de Mme Maigne Propriétaire du château de Sainte-Gemme à Saveteux, et une croix furent longtemps les seuls témoignages de l’existence passée de la chapelle Sainte-Gemme. Si le vitrail est encore visible dans une chapelle de l’église, la croix tomba en vétusté et fut rétablie une première fois en 1874 ; de nouveau disparue de vieillesse, elle fut relevée, une fois encore en 1935. Celle-ci fut toujours érigée à la sortie du Châtelet, près du chemin rural menant au « Hameau du Traveteau ».

Mais 2 plans du XVIIIe siècle, dont un de 1728, nous montrent que la chapelle et les terres de Sainte-Gemme n’étaient pas situées à l’endroit où se dressait la croix, mais bien plus loin vers Saveteux, sur les terres de la seigneurie.

Aujourd’hui, la croix de Sainte-Gemme est à nouveau délaissée depuis quelques années. Quelques bonnes âmes voudraient bien la relever une fois encore. Et pourquoi pas au bon emplacement ? Espérons que ce projet voie le jour dans un proche avenir.

Sainte-Gemme

Plan de situation de la ferme Sainte-Gemme

Sainte-Gemme

Situation de la ferme Sainte-Gemme sur la route de Saveteux