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Modifiée le 25 avril 2024

Hommage à nos morts 1914-1918

Avec le grand nombre de morts durant la guerre 14-18 (1,4 millions dont 1 327 000 « morts pour la France » répertoriés sur le site « mémoire des hommes ») la France ressent le besoin de les honorer par des monuments. Les pertes massives amènent non pas à glorifier la victoire mais à penser à ceux qui ont perdu la vie pour que la France reste debout et libre.
La construction des monuments aux morts en France
Dans les années 1920-1925 ce sont environ 35000 édifices qui seront érigés en leurs mémoires. L’état intervient pour accorder des subventions et réglementer les édifications ainsi que les souscriptions publiques. L’implantation du monument, dans un lieu public, pour que le devoir de mémoire s’impose à la vue du passant, ou dans un endroit plus reculé plus propice au recueillement, fait l’objet des plus vifs débats dans les conseils municipaux. En fonction de la couleur politique de la municipalité, on distingue les villes de gauche qui après la Première Guerre mondiale édifient généralement leur monument aux morts sur un espace de la République et celles de droite dans l’espace de la religion. La raison étant que dans un cimetière, ces monuments peuvent, selon la loi de 1905, arborer des emblèmes religieux, des municipalités de droite tenant alors absolument à faire figurer une croix sur l’édifice.
L’édifice sera bien souvent un obélisque ou une colonne de même inspiration car beaucoup de communes n’ont pas les moyens financiers de construire un monument grandiose et on y ajoutera plus tard les noms des morts de la guerre 39-45.

Le monument aux morts dans le cimetière


Dans notre commune
Le Châtelet-en-brie par l’intermédiaire de son conseil municipal lance en juillet 1919 une souscription publique et l’inaugure par un don de 500 Fr. Ce même conseil décide que ce monument, un obélisque surmonté d’une croix, sera érigé dans le cimetière. Une plaque sera également installée dans la mairie. En mai 1920 le montant de la souscription s’éleve à la somme de 3322 Fr alors que le coût de ce monument est de 4526 Fr. La différence sera supportée par la municipalité. Les inscriptions seront financées par l’ancienne société de chasse du Châtelet- en-Brie. L’inauguration se fera le dimanche 01/11/1925 en présence des élèves et de leurs instituteurs, des 2 fanfares et des associations. Péricard a inauguré un nouvel hommage le 11/11/1931 dans l’église du Châtelet-en-Brie (voir la plaque page suivante) en remplacement de celle que le chanoine Bled avait réalisée de ses propres mains en souvenir des disparus qu’il avait baptisés au Châtelet-en-Brie.
Les inscriptions sur les monuments aux morts
La mention « Mort pour la France » est accordée selon douze conditions, en vertu des articles L 488 à L 492 bis du Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre. Lorsque la mention  » Mort pour la France  » a été portée sur l’acte de décès dans les conditions mentionnées à l’article L. 513-1, l’inscription sur le monument de sa commune de naissance ou de son dernier domicile est obligatoire. La demande est adressée au maire de la commune choisie par la famille ou, à défaut, par les autorités compétentes (élus, associations…) Ces inscriptions ne sont pas réglementées par des lois officielles. Les maires prennent donc une certaine liberté de reporter les noms des soldats non nés dans la commune ou n’ayant pas résidé dans celle-ci.
Les inscriptions au Châtelet-en-Brie
52 combattants morts pendant cette période seront mentionnés sur ce monument. Tous n’ont pas la même situation vis-à-vis de la commune : le plus fort contingent reste les 25 natifs du Châtelet-en-Brie dont seulement 3 décédés ne résident plus dans le village au moment de la mobilisation. Suivent les 16 inscrits résidents au Châtelet-en-Brie et enfin les 8 hommes dont les parents ou un frère y vivent . Reste 3 personnes pour lesquelles le lien avec la commune semble plus complexe.

Plaque gravée dans l’Église


27 sont tués à l’ennemi, 8 sont disparus, 10 sont morts suite à des blessures dont Laurent Léon en captivité.
5 sont décédés des suites de maladie des poumons dues aux gaz dont 1 qui n’est pas répertorié « mort pour la France » (Rouillon Julien). 2 sont décédés par accident dont 1 non imputable au service.
Deux erreurs de prénoms se sont immiscées sur l’édifice .
Mulot Albert est Mulot Victor Ernest né le 6/11/1878 à Chailly -en-Bière décédé de maladie suite aux gaz le 21/09/1918. Pillault Gabriel est Pillault Denis né au Châtelet-en-Brie le 29/07/1885 décédé suite de blessures de guerre le 16/09/1916.
Si la majorité des inscrits sont des hommes du rang (33 soldats, 6 caporaux, 1 brigadier, 1 canonnier) on dénombre 8 sous-officiers (5 sergents, 2 adjudants, 1 maréchal des logis pilote) et 3 officiers (3 sous-lieutenants).
Cette terrible guerre a laissé 21 veuves parmi les 52 inscrits .
Le plus âgé est Doise Jules (non mort pour la France). Il décède à 47 ans à l’hôpital de Melun victime d’un accident de voiture. Le plus jeune Vaucel Robert Auguste tué à l’ennemi à l’âge de 18 ans et 6 mois.
7 fratries ont été tuées durant cette guerre : Georges et Albert Léon Champenois, Albert et Louis Ernest David, Georges et Jules Dollfus, Maurice et René Marcel Marchal, Georges Fernand et Eugene Joseph Hyacinthe Marie, Denis (Gabriel sur le monument) et Pierre Jacques Pillault, Alix Armand et Georges Varenne.
Le premier à périr pendant cette terrible guerre est Georges Dollfus le 20 août 1914 (alors que la déclaration de guerre a été effectuée le 02/08/1914). Le dernier tombé est Pierre Jacques Pillault le 01/02/1919 en Tunisie.
Du fait de la liberté des maires plusieurs inscrits du Châtelet-en-Brie sont mentionnés sur différents monuments dans d’autres communes.
Citons pour exemple Boulant Charles Alfred Louis né le 20/07/1889 à Biarritz pilote d’avion, mort au combat le 20/12/1916 à côté de Bapaume 52 : a abattu un avion ennemi de si près que celui-ci l’entraîna dans sa chute. Il est sur le monument aux morts de Biarritz (son lieu de naissance), celui de Paris (sa dernière adresse), celui de Metz-en-Couture (lieu exact où il s’est écrasé) et celui du Châtelet-en-Brie où ses parents étaient propriétaire du château de Saveteux.
Des documents de la préfecture de Melun notent 56 combattants décédés dont voici les quatre manquants pour une raison non encore élucidée :

  1. Leclerc Camille Baptiste, né le 09/06/1884 à Videlles (78), tué à l’ennemi le 16/06/1915 à Neuville-Saint-Vaast (52), transcrit au Châtelet-en-Brie le 04/02/1916 ;
  2. Pauly Pierre Léon, né le 20/08/1880 à Burcy (77), décédé des blessures de guerre le 09/03/1916 à Verdun (55), transcrit au Châtelet-en-Brie le 01/05/1916 ;
  3. Potignon Pierre, né le 11/05/1876 à Digoin (71), tué à l’ennemi le 14/06/1915 à Notre-Dame-de-Lorette (62), transcrit au Châtelet-en-Brie le 08/08/1915.
  4. Sommier Jacques Marie, né le 02/12/1871 à Grâces (22), tué à l’ennemi le 19/02/1915 à Perthes-les-Hurlus (51), transcrit au Châtelet-en-Brie le 08/02/1921 .

L’instituteur du Châtelet-en-Brie Gaston Louis Meignen (résidant au Châtelet-en-Brie), né à Nemours le 28/03/1890, a été tué à l’ennemi le 14/09/1916 à Bouchavesnes dans la Somme.

Deux autres maîtres d’école sont décédés également :

  • Emile Baste (parents résidants), né à Melun le 07/04/1881, enseignant à Armentières-en-Brie, a été tué a l’ennemi le 25/09/1916 au sud de Bouchavesnes ;
  • Georges Louis Alphonse Robin a été résident en 1901. Né à Thoury-Ferottes le 10/01/1879, il dirigeait l’école de Larchant et a été tué à l’ennemi le 01/10/1918 en Belgique.

Il n’y a que 9 soldats à être inhumé dans le cimetière du Châtelet-en-Brie près du monument aux morts :

  • Olivier Henri,
  • les 2 frères Marchal,
  • Rouillon Julien,
  • David Louis,
  • Roger Emile,
  • Mulot Albert,
  • Moreau Gabriel,
  • Pillault Gabriel (en réalité Pillault Denis).

Les noms des enfants du Châtelet-en-Brie sont gravés en lettre d’or dans la pierre pour que l’on se souvienne qu’ils ont donné leur vie pour notre liberté et pour la France .
Étienne Ferrand