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Modifiée le 15 janvier 2017

Le fief du Bois Louis

La ferme de la Ferlandière ou la Frelandière et ses terres dépendaient directement de ce territoire du
 » Boislouys « . C’est dire la grande activité qui régnait déjà au XIVe siècle sur ce domaine.

Des armoiries datant de cette époque sont parvenues jusqu’à nous et se trouvaient au fronton de la bâtisse actuelle du Bois Louis. Elles présentent un poisson au centre et des fleurs de lys. Malheureusement, lors du ravalement de la façade en 2016, ces armoiries ont été recouvertes par une couche de crépi. L’ignorance peut mener à cela.

Les éléments de ce même blason se retrouvent dans les armoiries de la ville de Poissy d’où étaient originaires les religieuses, seigneurs du Châtelet.

On parle souvent du Bois Louis, ce grand bois qui longe la D 605 entre Sivry-Courtry et Le Châtelet. Sur la droite, on remarque un chemin qui s’enfonce sous les frondaisons. C’est un endroit quelque peu énigmatique, qui nous interroge. Ce chemin, où mène-t-il ? Où s’arrête-il ? Que trouve-t-on au bout ? Aujourd’hui, c’est un très beau bâtiment qui se dresse fièrement, lové à l’abri des arbres.

Le Bois Louis début XXe siècle. (Collection SHCB).

Le Bois Louis début XXe siècle. (Collection SHCB).

 » Mais à l’origine, dès 1314 et surtout à partir du 5 août 1384, le fief du Bois Louis et ses dépendances relevaient en plein fief, foi et hommage, des religieuses de l’abbaye royale de Poissy, à cause de leurs terres et seigneurie du Châtelet « .

A partir de 1384 et jusqu’au XVIIe siècle, les Dames de Poissy firent donc, l’acquisition définitive de nombreuses propriétés dont elles avaient l’usufruit depuis 1314. Il en fut de même pour fief du Bois Louis tenu par messire de Savoisy, tel qu’il est décrit comme suit dans l’acte de vente de 1384. Il porte le nom  » d’hôtel « . Voici un extrait de l’acte de vente :

Plan Duché  pairie Villars 1744. (Médiathèque Astrolabe Melun). (Cote HHR 217 T.4)

Plan Duché  pairie Villars 1744.
(Médiathèque Astrolabe Melun).
(Cote HHR 217 T.4)

 » …trois bons fiefs dont, le tiers [le troisième] que tient messire Philippe de Savoisy, chevalier, chambellan du roi notre sire. un autre hôtel joignant des terres dudit Château. Lequel lieu-dit l’hôtel du Bois Louis, si comme il se comporte en cour, grange, étables, colombiers et autres édifices avec les jardins et fossés d’entour. environ soixante-dix-neuf arpents de terres gaignables [27 ha] assis environ ledit hôtel, aboutissant auxdites terres dudit château, toutes labourables en trois ou en quatre pièces l’une près de l’autre et environ deux arpents d’oseraie [0,6 ha]… environ cinq arpents [1,7 ha] de prés assis près dudit hôtel. [aux] environ[s] ledit hôtel et joignant d’icelui trente-six ou trente-quatre arpents de bois [12 ha] dont la moitié étoit de six à huit ans de soins faits, et de l’autre moitié au plus près dudit hôtel de vingt quatre ans de soins faits ou environ… « . Soit au total 41 hectares de terres cultivées (gaignables), ou de bois biens entretenus.

En effet, on ne comptait plus les énormes biens et possessions des Dames de Poissy qui, outre le Château des Dames et les champs et bois qui en dépendaient, avaient acquis des centaines d’hectares de terres sur tout le territoire allant de Sivry-Courtry aux Ecrennes en passant par Saveteux, ainsi que le fief du Bois Louis et tout ce qui en dépendait. Ce domaine était situé sur l’ancien chemin de Melun au Châtelet qui passait aux portes du fief.

Le fief avait déjà fière allure, si l’on en juge par la description assez détaillée du  » château  » qui se composait à cette époque, d’une maison de maître, de bâtiments d’exploitation et dépendances, le tout entouré de fossés, servant jadis, de moyens de défense contre les surprises d’un coup de main. La maison d’habitation comprenait une quinzaine de pièces :

  • Au rez-de-chaussée, une cuisine, une salle à manger, un salon et quatre pièces, dont deux à feu.
  • Au premier étage, cinq pièces, dont quatre avec cheminée, trois grands cabinets et un grand corridor.
  • Dans les combles, deux greniers.
  • Une grande cour pavée, entourée de bâtiments servant d’écuries, laiteries, deux colombiers en forme de deux grosses tours et abritant de cinq à six cents pigeons, deux granges, deux bergeries, une vacherie, etc.

Le tout était clos de murs de douze pieds de hauteur, de portes charretières-cochères, de fossés empoissonnés, autour des murs qu’ils défendaient et protégeaient (on y aurait pratiqué la pisciculture).

A l’extérieur se trouvaient des jardins potagers, des prés et des pâtures.

Le tout tenant des deux côtés aux terres du fief et aboutissant, à partir de 1775, sur la grande route de Paris à Lyon ; la route ayant été, alors éloignée d’environ 600 mètres. Il s’agit bien de la route D 605 actuelle.

Blason des dames de Poissy. (Collection SHCB).

Blason des dames de Poissy.
(Collection SHCB).

La ferme de la Ferlandière ou la Frelandière et ses terres dépendaient directement de ce territoire du
 » Boislouys « . C’est dire la grande activité qui régnait déjà au XIVe siècle sur ce domaine.

Des armoiries datant de cette époque sont parvenues jusqu’à nous et se trouvaient au fronton de la bâtisse actuelle du Bois Louis. Elles présentent un poisson au centre et des fleurs de lys. Malheureusement, lors du ravalement de la façade en 2016, ces armoiries ont été recouvertes par une couche de crépi. L’ignorance peut mener à cela.

Les éléments de ce même blason se retrouvent dans les armoiries de la ville de Poissy d’où étaient originaires les religieuses, seigneurs du Châtelet.

Les religieuses de Poissy, n’ont jamais vécu ni au Bois Louis, ni dans aucune de leurs possessions sur le territoire de la seigneurie du Châtelet. Toutes ces terres étaient baillées à des agriculteurs ou à des paysans qui les mettaient en valeur. Ce sera le cas de tous les propriétaires du Bois Louis jusqu’à la révolution.

Nous préciserons ci-dessous le point concernant les baux ruraux.

Au début du XVIIe siècle, ce fief fut ensuite la propriété de messire Jacques de Mézières (ou de Maizières), conseiller du Roi au siège présidial de Melun.

Outre le Bois Louis, de nombreux actes, concernant la seigneurie de Vosnes [Vosves] et Fortoiseau (lieux sur la commune de Dammarie-les-Lys), s’étendant jusqu’à Boissise-le-roi, désignaient Jacques de Maizières comme propriétaire. Au décès de ce dernier, le 31 août 1649, sa fille unique, Marie de Maizières, hérita de tous ses biens, et de ceux de sa mère, Marie Cormier. Elle épousa, vers 1660, Jean Coquille, fils d’Etienne Coquille, seigneur des Vives Eaux et Fortoiseau, conseiller du Roi et contrôleur au grenier à sel de Nuits en Bourgogne. Un contrat de mariage entre Jean Coquille et Marie de Mézières le 28 avril 1659, décrit avec précision ce que Marie de Maizières apporta dans sa corbeille nuptiale. »…Elle est accompagnée de son oncle Claude Coquille,(frère de son mari), et de sa tante Michelle Cormier (soeur de sa défunte mère et épouse de Claude) chez qui elle habite… « . (Arch Nat ET/LVIII/110 M° Dauvergne et actes à Melun, maître Guibert venant des parents de marie 1er janvier 1648). Tous ces biens devinrent la propriété de Jean Coquille.

blason hilaire rouillé

Puis, à sa mort vers 1670, le Bois Louis revint à Hilaire Rouillé né le 2 novembre 1651, chevalier, seigneur du Coudray et du Bois Louis, conseiller d’Etat ordinaire, époux de Denise Coquille, fille de Jean et de Marie. Le 4 septembre 1729, à la mort d’Hilaire Rouillé du Coudray, le fief du Bois Louis revint à ses quatre enfants qui en étaient les héritiers :Armand Rouillé, conseiller du Roi en sa cour du Parlement ;

  • Messire Denis-Léon Rouillé, chanoine de l’église de Paris ;
  • Messire Pierre Rouillé, chevalier seigneur, à qui le Bois Louis fut adjugé et qui prit le titre de seigneur du Bois Louis ;
  • Dame Eugénie Rouillé du Coudray, religieuse, à qui Pierre Rouillé doit servir une rente annuelle de 50 livres. (Histoire Généalogique et Héraldique des Pairs de France, etc. par le chevalier de Courcelles 1824 T3).

En 1742, Pierre Rouillé vendit son fief à dame Gabrielle Bouilleret, veuve du sieur François-Elie de Tirmoy.

Le 31 décembre 1761 le fief est cédé par demoiselle Catherine-Elisabeth Tirmoy, fille d’Elie, au sieur Antoine Labarre, dit Maurice, marchand de bois, bourgeois de Paris.

On notera que toutes ces riches et nobles familles, avaient très souvent un seul enfant qui héritait de l’ensemble des biens et possessions des parents. Ceci permettait en effet, de conserver le patrimoine en l’état et d’en éviter la dislocation. L’héritier épousait en général, une personne, fille ou fils unique d’une autre famille très riche. Cela entraînait logiquement un cumul des richesses, toujours plus important, et permettait ainsi de maintenir  » l’entre soi « .

Mais qui exploitait et entretenait les propriétés de ces nobles familles qui accumulaient autant de biens ?

Sous l’Ancien Régime, les paysans n’étaient jamais complètement propriétaires des terres qu’ils exploitaient. Le propriétaire  » éminent  » de la terre c’était le seigneur. Le paysan, pour subvenir à ses besoins était contraint de louer de la terre. Plusieurs sortes de baux ruraux étaient en usage depuis le moyen âge. Ceux qui se développèrent à partir du XIIe siècle sont : les baux à cens (ou à rente) et les baux à durée limitée. Les baux à cens ou à rentes sont des locations à perpétuité. Le cultivateur tenancier paie chaque année au seigneur le cens pour la location perpétuelle de la terre. Le bail à cens, souvent payé en argent, est un bail qui ne s’éteint jamais.

Ce fut le cas pour le Bois Louis à partir du 1er juillet 1479, comme l’atteste le document ci-dessous.  » Bail à rente du bois Louy pour 99 ans au prix de … ».

Bail à rente du Bois Louis 1479 pour 99 ans.
Archives départementales des Yvelines. (Cote 73H97)

Le cens s’accompagne d’un autre droit seigneurial, « le droit de lods et ventes ». Le paysan peut en effet, léguer sa terre, sa tenure, l’échanger ou la vendre, à condition que l’acquéreur verse au seigneur censier des droits de mutation.

Le taux du droit de lods et ventes est fort variable d’un endroit à un autre. Il peut atteindre jusqu’à un dixième du prix de vente.

En revanche, les baux ruraux à durée limitée, concernent les paysans qui, par l’insuffisance de leur propriété, les conduisaient à louer de la terre, (mais aussi des bâtiments, des droits et des animaux), pour constituer des exploitations viables.

A la différence des baux à cens, le paysan ne transférait pas la propriété au preneur, à son successeur.

Comme le signifie Lucien Dély dans le dictionnaire de l’Ancien Régime, à la veille de la guerre de Cents Ans (1337-1453),  » fermage et métayage  » étaient devenus les modes ordinaires de faire-valoir :

  • Le fermage consistait en un bail contre une redevance en nature, c’est-à-dire contre une proportion de la récolte ;
  • Le métayage était un bail dans lequel le propriétaire participait à part égale aux frais de culture.

Au milieu du XVe siècle, les besoins de la reconstruction de l’agriculture imposèrent d’accorder des conditions avantageuses à leurs nouveaux locataires. On observa alors dans la plupart des régions une grande diversité dans les clauses des contrats et dans leur durée. Nombreux furent conclus pour des périodes pouvant aller jusqu’à 25 ans et certains accordés à une ou plusieurs vies.

A partir du XVIe siècle la durée des baux ordinaires ne put dépasser 9 ans, 9 récoltes.

Mais il existait une particularité importante concernant les baux de domaines importants comme celui du Bois Louis.

En effet, dès la fin du XVe siècle, ces baux comprenaient la perception de tout ou partie des droits du maître. Quand ce dernier était seigneur, son fermier devenait par là-même fermier-receveur, exploitant à la fois les biens de la réserve confiés à loyer et les droits seigneuriaux. Les baux de ces fermes seigneuriales, très rémunérateurs, firent la fortune de fermiers-laboureurs du bassin parisien par exemple, qui s’efforcèrent de se les transmettre à partir du XVIe siècle.

Le fief du Bois Louis de 1761 à 2016 !

Comme nous l’avons déjà brièvement évoqué ci-dessus, le 31 décembre 1761, après en avoir hérité de sa mère, Demoiselle Catherine Tirmoy, vendit ce bien à Antoine Labarre dit Maurice, marchand de bois, bourgeois de Paris. (Acte de vente passé devant Maître Dumoulin, Notaire à Paris le 31/12/1762).

Bois Louis aujourd’hui (Photo André Pilon)

Bois Louis aujourd’hui (Photo André Pilon)

Il fit l’acquisition de ce domaine pour une courte période de 5 ou 6 ans. Grâce au travail de recherches de J.B Duval, ( » Sur les traces des marchands de bois « . site de la Chapelle-Rablais), nous avons pu retracer une partie de la vie d’Antoine Labarre et de son fils Etienne.

Né vers 1706, Antoine était originaire de Villeneuve-sur-Yonne où son père, Maurice, exerçait le métier de compagnon marinier. Antoine Labarre se maria à trois reprises (1728, 1755 et 1763), à Villeneuve sur Yonne. Il fut marinier, puis marchand de bois et de charbon entre 1761 et 1771, période à laquelle il acheta le manoir du Bois Louis. Avait-il acquis cette propriété afin d’en exploiter les bois qui en dépendaient ? Il était qualifié de bourgeois de Paris et résidait à cette époque rue Saint Antoine, à Paris. L’hypothèse de son décès vers 1782 ou 1783 paraît plausible.

Titre rente du 14 juin 1774. Archives départementales 77)

Titre rente du 14 juin 1774.
Archives départementales 77)

Mais avant de mourir, Antoine Labarre, revendit le Bois Louis en 1767, à haut et puissant seigneur, messire François Ferdinand de Lannoy de Wannes, colonel au corps des grenadiers de France, habitant Paris, hôtel de Valois et au château de Surville à Montereau.

On sait par un acte daté du 14 juin 1774 passé devant maitre Gueffier, notaire à Montereau, que le comte Lannoy dut verser une rente non rachetable, payable le jour de la Saint Rémy, à MM. les chanoines du Chapitre de Melun.

Cette rente était déjà payée par ses prédécesseurs et notamment, par Antoine Labarre.

En 1786, soit 20 ans plus tard, le Bois Louis revint dans la famille Labarre, car le fils d’Antoine, Etienne, bourgeois de Paris, marchand de bois, le racheta au Comte Lannoy.

On notera qu’Antoine Labarre, ainsi que son fils furent tous deux bourgeois de Paris.

Mais qu’appelait-on bourgeois de Paris sous l’ancien régime ?

C’était un titre qui accordait de nombreux privilèges sous certaines conditions : il fallait que la personne réside dans la ville et participe aux charges communes. En revanche, elle était exonérée de payer la taille ou des droits d’entrée des marchandises dans la ville. Ces privilèges pouvaient représenter beaucoup pour les Labarre qui faisaient commerce de bois avec Paris. Mais au XVIIIe siècle, le terme de  » bourgeois  » renvoyait surtout à la réussite sociale, à la fortune et au mode de vie.

Comme nous allons le voir, Etienne Labarre fut le premier propriétaire à venir s’installer au Bois Louis avec sa famille et à s’investir dans la vie du village où il eut des responsabilités administratives et politiques.

Le 4 février 1756, Etienne La Bare fut baptisé à Villeneuve-sur-Yonne (AD 89 Registre paroissial de Villeneuve-sur-Yonne, paroisse Notre Dame p 172).

Vers l’âge de 18 ans, encore très jeune, il s’embarqua pour la Martinique où en 1774 il fut témoin de mariage à 2 reprises.

A cette époque, il semblait assumer les fonctions  » d’huissier à conseille de cette île en la sénéchaussée de ce bourg Trinité Martinique… « .

Puis il fonda une famille avec sa concubine, Elisabeth Lefèvre. De cette union naquirent Pierre-François Labarre, le 14 juin 1778, Magdeleine-Thérèse, le 15 octobre 1780 et de Catherine Rachel, le 10 octobre 1782. Ce furent trois naissances hors mariage dont les baptêmes eurent lieu, ou furent retranscrits entre le 14 et le 18 janvier 1783. Si le père donna l’autorisation écrite de les inscrire sous son patronyme, celui-ci n’était pas présent aux baptêmes.

En juin 1783, il rentra en France avec toute sa famille. Il reprit le commerce de bois que son grand père et son père avaient développé.

Puis en 1786, tout en gardant une résidence à Paris, il s’installa au Bois Louis jusqu’en 1817.

Etienne Labarre semblait avoir régularisé sa situation familiale avec Elisabeth Lefèvre, en l’épousant avant 1788. Le couple eut en effet, deux autres enfants, légitimes, nés au Châtelet-en-Brie, Adélaďde Marie, le 26 mai 1788 et Justine Denise Elisabeth, le 21 septembre 1790.

Etienne Labarre ne tarda pas à se faire connaître et à prendre une place importante dans notre village. C’est ainsi, qu’en février 1789, il fut désigné pour représenter la paroisse du Châtelet en portant les  » cahiers de doléances  » à l’assemblée de Melun comme l’indique le document transcrit dans la notice historique du Châtelet-en-Brie dont voici un extrait : » …les paroissiens du Châtelet élirent pour les représenter à l’assemblée de Melun, trois de leurs concitoyens, les plus aptes à la défense de leurs intérêts : Louis Nicolas Marin, propriétaire la petite ferme de Saveteux, Jean-Jacques Lependry, notaire et Etienne Labarre, propriétaire du Bois Louis…On leur remit un cahier des plaintes et doléances à développer et faire valoir en l’assemblée de bailliage, pour être annexé au cahier général que les députés devaient soumettre aux états généraux afin d’obtenir la réforme de la législation et de ses abus… « .

Le 24 mai 1790, Etienne Labarre du Bois Louis fut élu, administrateur au Châtelet, parmi les 36 du département, désignés en assemblée réunie à Melun.

Il assuma aussi les fonctions de juge de Paix dans le village et à ce titre, en février 1792, il dénonça certains méfaits qui se produisirent en forêt de Villefermoy et demanda la création d’une brigade de gendarmerie au Châtelet-en-Brie. Il signa  » Labarre, administrateur du conseil du département de Seine-et-Marne « .

Certains de ses enfants fondèrent leur famille à Melun ou à Fontainebleau après s’être mariés au Châtelet-en-Brie.

Le 1 mai 1817, Etienne Labarre vendit le domaine du Bois Louis à Louis-Narcisse Royer.

Son décès se situe entre 1817 et 1822.

La famille Royer et ses héritiers 1817-1984

En faisant l’acquisition du Bois Louis, Louis Narcisse Royer était peut-être loin de se douter que lui et ses descendants allaient diriger cette propriété, ainsi que la ferme de la Ferlandière et toutes les terres qui en dépendaient, durant 170 ans.

C’est ainsi que, jusqu’en 1984, vont se succéder : Louis-Narcisse Royer, Jean-Théodore son fils, Georges son petit-fils, puis la veuve et les enfants de Georges, à partir de 1939.

On sait peu de choses de Louis-Narcisse, si ce n’est qu’il fut marié à Jeanne Honorée Languinède. Au recensement de 1846, c’est Jeanne Honorée, veuve, âgée de 62 ans qui fut propriétaire du Bois Louis. Elle le restera au moins jusqu’en 1856.

Elle avait à son service, une femme de chambre, une cuisinière, un manouvrier et sa famille, ainsi qu’un jardinier.

Au recensement de 1861, c’est Jean-Théodore Royer qui devint  » propriétaire, chef de ménage « .

Il naquit le 11 mai 1811 à Paris, dans le quartier du Marais et décéda le 28 septembre 1892 au Châtelet-en-Brie. Il avait épousé Anne Amélie Rosotte, née vers 1824.

Sont issus de cette union, Gabrielle leur fille, née vers 1852 et Georges, né le 28 septembre 1859 au Châtelet-en-Brie.

Comme nous le verrons, c’est ce dernier qui succèdera à ses parents vers 1901.

Jean-Théodore, outre sa famille, abrita au Bois Louis un personnel assez conséquent qui se composait de domestiques, de femmes de chambre, cuisinières, jardiniers, manœuvres, peintres ou menuisiers et même d’un garçon boulanger. Toutes ces personnes étaient logées sur place.

Jean-Théodore modernisa cette propriété.

En 1864, il fit pratiquer un bornage très précis de ses biens au Bois Louis et à la Ferlandière comme l’indique le plan ci-dessous.

Bornage Théodore Royer 1864. (Collection SHCB).

Bornage Théodore Royer 1864.
(Collection SHCB).

Bornage Théodore Royer 1864. (Collection SHCB).

Bornage Théodore Royer 1864.
(Collection SHCB).

L’almanach de Seine-et-Marne de 1895 indique que Jean Théodore Royer fit construire un pavillon de chasse au Bois Louis, en 1882. Cette bâtisse existe encore aujourd’hui.

Entre 1892, moment du décès de Jean-Théodore et 1901, le domaine sembla quelque peu déserté par la famille Royer, bien qu’un personnel réduit continue de vivre au Bois Louis.

En 1894, au moment du mariage de Georges, Anne Amélie Rosotte, la veuve de Jean-Théodore, habitait avec son fils 13 rue de Trémoille à Paris.

Mais vers 1901, Georges, 41 ans, qui prit la succession du Bois Louis vint vivre au Châtelet avec toute sa famille. Il épousa Marguerite Ragon, née le 21 mai 1873 à Paris. Elle était la fille d’un magistrat parisien, Auguste Ragon.

De cette union qui eut lieu à Paris, le 16 juin 1894, vinrent au monde, Germaine Royer née le 13 septembre 1896 et Marie-Thérèse née le 24 mai 1899 et décédée le 31 janvier 1991.

Le personnel attaché au Bois Louis paraissait sensiblement réduit. On comptait une dizaine de personnes vivant encore au domaine.

Au recensement de 1906, le personnel se composait de cochers, d’un garde (garde-chasse ?), d’une femme de chambre, d’un valet de chambre et même d’une institutrice  » domestique « , originaire de Douai.

En 1911, les fonctions des personnes au service  » des Royer  » n’avaient guère changé ; on notera toutefois que l’institutrice, une allemande, était originaire de Berlin.

Georges Royer fut conseiller municipal du Châtelet en 1907.

Germaine Royer, fille de Georges, épousa une noble personne qui répondait au joli nom de Comte Marie Eugène Ferdinand Jacques Dubois de Hoves de Fosseux. Ils auront deux filles et un garçon.

Marie-Thérèse Royer quant à elle, née en 1899 et décédée le 31 janvier 1991, prendra pour époux, Hervé Anasthase Gustave Marie Terrien de La Haye (1895-1979), officier de carrière. De cette union naîtront, trois filles.

Messieurs Terrien de La Haye et de Fosseux qui vivaient avec leurs familles au Bois Louis écrivaient en mars et avril 1963 au service des Ponts et Chaussées pour leur demander s’ils ne pouvaient pas intervenir sur leur domaine afin de réparer le chemin qui rejoint la nationale au château.

Monsieur de La Haye, que l’on avait coutume d’appeler  » mon commandant « , signait  » colonel Terrien de la Haye « .

Les familles Terrien et De Fosseux gérèrent en commun le domaine du Bois Louis, au moins, jusqu’en 1974.

Puis, leurs six héritiers, derniers descendants de la famille Royer, vendirent la propriété en plusieurs lots. Le manoir, les dépendances et le parc, représentèrent une entité séparée du reste de la propriété.

Monsieur Belzic (1984-2000 ?) et monsieur Bourdeau (2000-2013), furent les derniers acquéreurs connus.

Ils effectuèrent de nombreuses transformations extérieures et intérieures dont une description datant de 2013 laisse entrevoir ce que le fief du Bois Louis est devenu, avant de le céder à une société anonyme pour le compte d’un riche personnage indien, Monsieur Dhingra ?

 » Propriété de 7 ha avec château et dépendances au milieu du Bois Louis. Environ 1000 m² de surface habitable avec 15 chambres, une douzaine de salles de bain, plusieurs salles de réception et un magnifique parc « .

Après tant d’années d’activités, plus ou moins intenses, après tant de mouvement durant des siècles, le Fief du Bois Louis, toujours dans son écrin de verdure, semble s’être muré dans le silence.

Tout à une fin, ce beau manoir est pour le moment inhabité.

Peut-être un jour, quelqu’un viendra lui redonner vie.

Le Bois Louis aujourd’hui. (Photos André Pilon)

Le Bois Louis aujourd’hui.
(Photos André Pilon)

Le Bois Louis aujourd’hui. (Photos André Pilon)

Le Bois Louis aujourd’hui.
(Photos André Pilon)

Vue aérienne du châtelet-en-Brie, de Sivry-Courtry et du Bois Louis. (Photo du Bois Louis)

Vue aérienne du châtelet-en-Brie,
de Sivry-Courtry et du Bois Louis.
(Photo du Bois Louis)

Vue aérienne du Bois Louis. Photo du Bois Louis)

Vue aérienne du Bois Louis.
Photo du Bois Louis)