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Modifiée le 10 janvier 2017

La rue de l’église

La SHCB, se propose de conter épisodiquement: «Le Châtelet-en-Brie d’Hier et d’Aujourd’hui», à travers des cartes postales anciennes, afin d’en mesurer les changements intervenus à quelques décennies, voire 100 ans d’intervalle.

 

 

Carte postale: Collection SHCB

Photo Yves Delassus: Collection SHCB

 

C’est aussi une occasion de tourner quelques pages d’histoire locale.

Aujourd’hui, nous allons flâner un moment dans la rue de l’Église qui était autrefois une partie de la rue du Plessier.

Au début du 20e siècle en effet, celle-ci débutait près du château des Dames, coupait la route nationale et se terminait place de l’Église.

Le terme «Plessier» trouverait son origine dans le mot palissade comme «plessis».

A l’angle de la rue du Plessier et de la route de Montereau se situait «l’hôtel des Voyageurs» qui était aussi un café-restaurant. Avant 1900, il se nommait «hôtel de la Poste».

L’hôtel possédait quelques chambres fréquentées par des gens de passage qui voyageaient à cheval.

Cet établissement existait sans doute déjà du temps du relais de postes aux chevaux qui fut créé à la fin du 18e siècle et cessa son activité au milieu du 19e, avec la création de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon vers 1850.

A cette époque en effet, ce relais engendrait une grande activité au Châtelet; les hôtels et les commerces y étaient nombreux.

Sur la carte postale qui a été prise aux environs de 1910, on peut noter à l’arrière du café restaurant l’existence d’écuries et d’une remise qui servaient à abriter les chevaux des clients. On peut y voir une diligence qui dépasse de l’abri.

Il y a plus de cent ans, les propriétaires de cet établissement étaient monsieur et madame Lasnier-Velin. La famille Velin avait aussi pignon sur rue, place du Puits de l’Échelle où elle avait une boutique de vins et spiritueux; monsieur et madame Vinbille leur succédèrent entre les deux guerres, puis monsieur et madame Jourdan en furent les tenanciers durant la deuxième guerre mondiale.

Derrière cet établissement, en avançant dans la rue du Plessier, se trouvait une grande menuiserie tenue par monsieur Longatte jusque dans les années 1950.

Elle s’étendait jusqu’à la route de Montereau et se composait d’une grande cour et d’un atelier.

Il n’était pas rare de voir rentrer et sortir de grandes charrettes, tirées par des chevaux de trait, chargées de planches qui allaient servir à la fabrication de meubles.

En continuant à déambuler dans cette rue, on peut se souvenir de l’existence d’une forge et charronnage. Elle était la propriété, à la fin du 19e siècle et jusqu’à la guerre de 14-18, de monsieur et madame Catelan.

Notons au passage, que monsieur Eugéne Cauwet, originaire du Pas de Calais, fut l’employé de monsieur Catelan durant quelques années avant de devenir son gendre. Monsieur Cauwet fut président de l’association «Le Lendemain» de 1939 à 1956.

C’est monsieur Chauvrat, compagnon du tour de France, qui prit la succession de cette forge et charronnage et maintint cette activité, très importante à l’époque, jusqu’en 1932.

 

 

Fardier vosgien – Carte postale : Collection SHCB

Facture Chauvrat 1920 – Collection SHCB

 

En effet, durant toute la moitié du 20e siècle, les cultivateurs utilisaient des charrettes tirées par des chevaux. Le charron les réparait et en fabriquait les roues.

Il fabriquait aussi des fardiers. C’étaient des voitures tirées par des chevaux ou par des bœufs qui servaient à transporter des troncs d’arbres ou des grumes destinés à la scierie.l

Ce métier était très pénible et demandait beaucoup de savoir-faire notamment dans le cerclage des roues.

En 1932, M. Chauvrat déménage pour installer son atelier rue aux feurs où il a fait l’acquisition d’une fermette.

Dans cette rue, manifestement très animée, se trouvait aussi un personnage très singulier par sa profession.

Il était vendeur de peaux de lapin, petit métier aujourd’hui disparu.

C’était Monsieur Naret qui tenait boutique; il faisait sécher ses peaux avec beaucoup de soin puis attendait les acheteurs ambulants qui traversaient le village chaque semaine. Ils s’annonçaient par une voix retentissante qui ne pouvait échapper à personne; en criant à tue-tête, «peaux d’lapins peaux!» Ameutant ainsi tout le quartier.

Monsieur Naret attendait patiemment l’acheteur du dimanche qui lui en offrait un meilleur prix que celui qui s’arrêtait au Châtelet en semaine.

Ces peaux étaient utilisées dans la confection de cols de fourrure ou de vêtements.

Elles servaient aussi à fabriquer une colle très forte dont on avait usage en ébénisterie pour l’assemblage de meubles en bois. Cette colle entrait aussi dans la fabrication de certaines peintures et servait de «liant».

C‘est aussi dans cette rue que lors des fêtes du village, se pratiquaient des jeux tels que la course en sac.

Il est bon de remarquer par ailleurs, que sur la route de Montereau, les façades des maisons ont subi peu de changements.

Néanmoins, les cheminées sur les toits ont laissé la place aux antennes de télévision et les poteaux et fils électriques sont venus remplacer quelque lampadaire isolé.

On notera, que la circulation, dans cette artère, y était moins intense qu’aujourd’hui, car les villageois, adultes et enfants endimanchés, posaient pour la photo sur toute la largeur de la route.

Aujourd’hui, il en va bien autrement. Les temps ont bien changé!