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Modifiée le 18 février 2019

Inventaire après décès de Paul Auger

Le Traveteau, 1747 (2ème partie)

Carte de Cassini 1750

Carte de Cassini 1750

4 De ladite chambre, sommes entrés dans une autre étante au-dessus de celle attenante audit chauffoir dans laquelle s’est trouvé un tas d’avoine évalué à cinq septiers (mesure de grains), un tas de nefles évalué à deux septiers, un mauvais fléau, une petite pelle de bois, un panier sans anse, une demy-queue garnie de son couvercle (mesure de grains ou de boisson) dans laquelle il y a un boisseau de son.

5 De ladite chambre, sommes entrés dans le grenier qui est au-dessus de l’écurie et de la vacherie.

Dans ce grenier s’est trouvé un tas de bottes de foin évalué à deux livres.

Extrait inventaire P. Auger
AD 77 B94

6 Dudit grenier, sommes descendus dans ladite Ecurye ou se sont trouvés cinq chevaux ; le premier sous poils noir, hors d’aage (probablement très vieux), le second sous poils [illisible], le troisième sous poils blanc mais aussi hors d’aage, le quatrième sous poils rouge âgé environ de six à sept ans, le cinquième sous poils gris âgé de quatre ans, et aussi six colliers à chevaux, un harnois, deux paires de gros trais six paires de petits trais, une bassine, une mauvaise bride.

Un chalit (bois de lit) fait à la serpe, un lit et un traversin de plumes, deux draps de grosse toille de mesnage à demi usés et une vieille couverture de laine rapiécée.

 7 Quittons l’écurie et rendons nous dans la vacherie où sept vaches mères laitières de différents âges [cohabitent] avec sept génisses dont cinq de deux à trois ans et les deux autres âgées d’un an ou un peu plus et trois veaux.

8 De ladite vacherie, rendons nous dans la laiterie où sont entreposés les ustensiles destinés à la fabrication du beurre et des fromages : une baratte garnie de son couvercle et de son barateau, onze pots de terre [tant grands que petits] et des moules, un fouloir (instrument destiné à presser le raisin ou différents fruits), un vieux chaudron de cuivre jaulne une jasle (sorte de baquet destiné à recevoir du pain ou de la farine) et un cuvier sur lesquels bacquet et cuve sont déposés une vingtaine de draps de chanvre de lin d’étoupe et de différentes tailles usés ou neufs.

  • Dix chemises de qualité variable à usage d’homme.
  • Huit chemises à demi usées à usage de la veuve Auger.
  • Nappes, serviettes, essuie-mains.
  • Tout ce linge était mouillé, fraîchement lessivé.

9 Poursuivons cet inventaire par le poulailler, où s’est trouvé 80 poulets y compris des coqs et onze canes.

10 Dans le toît à porcs (terme ancien pour nommer ce que nous appelons de nos jours une porcherie), il y avait deux porcs nourritureaux (il s’agit de porcs non totalement sevrés et qui commencent à s’alimenter seuls). Chacun pesant environ soixante livres.

11 Dans la grange à bled (blé) s’est trouvé un tas de blé battu évalué par le batteur à environ cinq septiers, plus un autre tas en gerbe restant à battre et estimé pouvoir produire cinq septiers.

12 Dans la grange à avoine s’est trouvé un tas d’avoine en frange et non battue et estimé pouvoir produire la quantité de deux muids (mesure ancienne pour les grains ou liquides).

Cour de ferme au 18e siècle
Nicolas Bernard Lepicie (1735-1784)

13 Dans la bergerie, on dénombre cinq râteliers. La veuve Auger déclara que le troupeau de bestes à laine (moutons) occupant les lieux appartenait à Jacques Thuin, marchand laboureur demeurant à Montereau sur le Jard.

14 Dans la cour, au milieu des bâtiments, on dénombre une charrette guimbarde montée sur ses roues et essieux de fer, deux charrues, une échelle et un demi-cent de petites bourres de chesne et charme.

15 Dans les champs devant la grande porte de la ferme, étaient entreposées une petite charrette et deux herses.

16 De la cour, nous nous transportons dans une autre grange contenant deux travées contenant dans chacune, du foin non bottelé, évalué à quinze bottes et du colza.

17 De là nous sommes entrés dans le fournil dépendant de la ferme, où on a découvert un bouchoir de four en tole, une pelle à foin en bois, une crémaillère, une met de chêne de quatre pieds de long dans laquelle étaient rangés du pain et du levain. Dans cet endroit, étaient abandonnés un mauvais chalit, un drap en toile, une mauvaise couverture de laine blanche toute rapiécée, un récipient servant de farinier plein de farine, une coignée ou cognée (hache pour fendre du bois), un billot, deux hottes à vin, une échelette, une gouge (une sorte de ciseau).

18 Dans le cellier étant attenant au fournil s’est trouvé une demy-queue de vin de la récolte à un quart vide.

Quatre autres demy-queues de cidre et des futailles (récipient rond de bois pour contenir vin, alcool ou huile).

19 Enfin nous nous sommes transportés dans le grenier étant au-dessus de ledit fournil et ne s’est trouvé que des pailles de blé et d’avoine destinés aux bestiaux.

Qui sont tous les meubles, effets, grains, chevaux, bestiaux et attirails de labour qui se sont trouvés dans tous les lieux cy dessus. Ils ont été laissés sans qu’ils soient déplacés. Ladite veuve Auger et ledit Sadron se sont volontairement, conjointement chargés de la surveillance pour éviter les frais occasionnés par un gardien qu’il serait convenu d’y établir. Ledit Pillault, substitut du procureur fiscal a consenty à cet arrangement.

La veuve Auger et ledit Sadron ont déclaré ne savoir signer, la femme Sadron s’est retirée au cours du procès-verbal. Tous les autres ont signé, ledit jour et an Cinq heures de rellevée.

Cet inventaire commencé au décès de Pierre Auger ne se poursuivra que le mercredi vingt-deux février mil sept cent quarante-sept. Soit environ 1 mois après’inhumation.

A dix heures du matin devant nous, Jacques Guespereau, sont comparus Charlotte Pillon, veuve dudit Paul Auger, habilitée à accepter ou renoncer à la communauté de biens qui a été entre eux et tutrice de Paul et Jérosme Auger, et suivant l’acte fait devant nous ce jourd’hui.

Ledit Sadron, laboureur demeurant à Saveteux, ayant épousé Reine Auger, fille du premier mariage du sieur Auger et de défunte Reine Biquet, ladite fille Reine hérite pour un quart de son père. Ledit Sadron, subrogé tuteur de sa belle sœur Marie Auger, seconde fille issue du premier mariage de Paul Auger hérite pour un autre quart. Nicolas Pillon, laboureur demeurant à Vernou et aussi tuteur de Marie Auger, suivant autre acte fait devant nous et subrogé tuteur des enfants dudit Auger et de ladite Pillon.

Lesquels veuve Auger, Sadron, et Nicolas Pillon, sans préjudicier aux qualités qu’ils pourront prendre et après dans ladite communauté et succession dudit Auger ny à leurs droits et actions contre ycelles, nous ont requis et nous transportons avec eux, le procureur fiscal de cette prévosté, notre greffier et ledit Chertan sergent dans la ferme où ledit Auger est décédé et où ladite veuve à l’effet de reconnoîstre les scellés par nous apposés après le décès suivant notre procès-verbal, et faire ensuite que tous les meubles, effets, grains, bestiaux, matériel de labour, et autres choses dépendantes de ladite communauté et succession correspondent à tout ce qui est détaillé dans notre procès-verbal du 24 janvier.

Lesdits Vve Auger, Sadron et Pillon nous ont requis pour procéder à la reconnaissance des scellés et inventaire : après avoir tout examiné et constaté que la situation était identique à celle décrite dans notre procès-verbal, nous avons donné acte aux parties concernées et nous avons procédé aux signatures.

Ladite Auger et ledit Sadron ont déclaré ne scavoir signer de ce interpellé.

S’ensuit une courte liste des frais occasionnés pour l’établissement de cet inventaire.

On apprend dans les dernières lignes que l’épouse du suppliant est blessée et qu’il est nécessaire qu’elle soit visitée par François Bourgeois, chirurgien juré en cette ville.

Outre les remarques préliminaires concernant les normes établies pour effectuer un inventaire en bonne et due forme, nous constatons que si les effets personnels (meubles, literie etc.) ne sont pas un signe de richesse, dans la mesure où nombre de paysans n’attachaient d’importance au confort et aux meubles qui étaient de qualité ordinaire. Ce laboureur était cependant relativement aisé.

En témoigne le nombre d’animaux assez conséquent trouvé dans cette ferme : 7 vaches, cochons, 5 chevaux, 80 poulets dans la basse-cour. Mais aussi la quantité de réserves importantes relevées : blé, avoine, vin et cidre…ainsi que du matériel agricole de bonne qualité.

On ne connaît ni les circonstances du décès de Paul Auger, ni l’origine des blessures de son épouse. On suppose qu’il s’agit d’un accident dans la mesure où nous n’avons trouvé aucune trace d’enquête judiciaire proposée à l’issue de l’inventaire et que comme nous l’avons mentionné ci-dessus, une lessive importante de linge de maison et de vêtements était en cours.

Patricia Mary

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